Randonnées dans la vallée des Merveilles - Gravures préhistoriques - Parc du Mercantour - 06 Alpes Maritimes Côte d'Azur France
 

Des gravures préhistoriques à plus de 2 000 m d'altitude Le Parc national du Mercantour, dans la haute vallée de la Roya, recèle près de 40.000 gravures rupestres préhistoriques à l'air libre réparties sur 15 Km autour du mont Bego. Cet ensemble vieux de 4 000 à 5 000 années environ, datant de l'âge du Bronze et classé "monument historique", est connu sous le nom de "vallée des Merveilles". Les gravures très stylisées représentent principalement des têtes de taureaux, des attelages, des armes et des quadrillages qui pourraient symboliser des champs. Les recherches archéologiques montrent que cet endroit était probablement un sanctuaire, où les populations agropastorales de la région rendaient un culte à la fécondité de la terre.

Généralités sur les gravures rupestres du Chalcolithique et de l’âge du bronze ancien de la région du mont Bego

Le site archéologique du mont Bego est connu pour ses milliers de gravures protohistoriques attribuées à une période allant du Chalcolithique jusqu’à l’âge du Bronze ancien. Dans les Alpes du Sud et à proximité de la ville de Tende, le site occupe une position mitoyenne entre la plaine padane et la côte provençale - ligure.

Habitable durant quelques mois en été, il sert aujourd’hui d’alpage aux bergers de la région. L’ensemble des gravures se situe entre 2.000 et 2.700 mètres d’altitude. Les premières mentions des gravures remontent au XVe siècle mais ce n’est qu’à la fin du XIXe qu’elles seront attribuées à l’âge du Bronze par le préhistorien Emile Rivière. Les gravures rupestres furent ensuite étudiées par Clarence Bicknel puis par Carlo Conti durant la première moitié du XXe siècle.

C’est à partir de 1967, que le Professeur Henry de Lumley et son équipe entreprit l’inventaire exhaustif et l’étude des gravures rupestres du Chalcolithique et de l’âge du Bronze ancien de la région du mont Bego. Le corniforme, représentation d’un bucrane ou figure schématique d’un bovidé est la représentation la mieux connue. On en dénombre plus de dix mille répartis sur l’ensemble du site (50 km2).

D’autres thèmes viennent compléter un registre réduit à une quarantaine de signes : réticulés, attelages, armes, anthropomorphes, figures géométriques. Les gravures représentant des armes ont fournis les premières indications chronologiques et culturelles. En effet, de nombreuses représentations de poignards montrent des influences des cultures de Polada et du Rhône, soit environ 1 800 av. J.-C., ce qui traduirait éventuellement un maximum d’occupation durant cette période. Plus anciennes, certaines gravures d’armes ont des formes similaires à des objets de la culture de Remedello, soit vers 3100 av. J.-C.

Comme ces gravures superposent des gravures de corniformes et de réticulés notamment, on est en droit de penser que l’occupation du site s’est faite avant cette date. On doit aussi souligner que toutes les gravures n’ont pas vocation à avoir un rendu réaliste.

Parfois constituées de quelques cupules éparses ou regroupées en nuages, la moitié des 38.000 gravures inventoriées sont des représentations non figuratives et la majorité d’entre elles montre une disposition intentionnelle. Les méthodes de gravures sont restées simples. Bien que l’on trouve des roches gravées par percussion directe, la majorité des gravures ont été réalisées par pression et rotation d’un outil en pierre dure posé directement sur la surface de la roche. Aucun pigment de couleur n’a été retrouvé.

La récurrence des techniques de gravure, la standardisation des représentations et les nombreuses gravures non figuratives, indiquent une emprise forte de la tradition. On pense à un rite se déroulant l’été, consistant autant dans un pèlerinage que dans l’acte de graver.

Outre les gravures protohistoriques, le site regroupe un nombre important de gravures de bergers, de lettrés, de militaires, etc. et les vestiges d’une activité pastorale et d’occupation militaire importante.

Comment atteindre le site des gravures ?

Par la Vésubie : l'autoroute, sortie 52 Nice St Isidore (Péage 0.50€), prendre la D6202 Route de Grenoble/route des grandes alpes direction Grenoble/Digne/Carros sur 20km, à la sortie de Plan du Var, prendre la D2565 direction St Martin Vésubie / Roquebillière sur 24km puis prendre à droite la D171 direction Belvédère. Poursuivre sur la D171 jusqu'au pont du Countet (fin de la route), entrée du Parc du Mercantour et point de départ de randonnées.  Traverser le pont et prendre le sentier balisé, indiqué sur la droite vers le pas de l'Arpette (2511m): 821m de dénivelé, durée: 2h30 pour la montée et 1h45 pour la descente. A partir du Pas de l'Arpette, descendre en direction du refuge des Merveilles pour accéder aux premières gravures (accès autorisé accompagné d'un guide).

Par la Roya : De Nice, prendre l'autoroute A.8 jusqu'à Vintimille, en Italie, puis remonter la vallée de la Roya en direction de Tende. À Saint Dalmas de Tende, village situé quelques kilomètres avant Tende, prendre une route à gauche vers le hameau de Castérino. Après 20 minutes de voiture, on atteint les différents points de départ de randonnées (2 heures de route depuis Nice). Un premier parking, au lieu dit "Le Lac des Mesches", sert de point de départ pour la vallée des Merveilles. Quelques kilomètres plus loin, le hameau de Castérino est le point de départ pour le site de Fontanalbe.

Deux sites distincts et d'égale importance, situés de part et d'autre du mont Bego, abritent des gravures
- La " Vallée des Merveilles" proprement dite ce site se présente sous la forme d'un vaste cirque glaciaire, dominé par le mont Bégo (2 873 m), avec de nombreux lacs et des grandes dalles rocheuses polies par les glaciers sur lesquelles se trouvent les gravures. Il faut compter 2 h 30 de marche avec une dénivelée de 700 mètres pour atteindre l'entrée du site (refuge CAF des Merveilles, au bord du lac Long), et 2 h 30 sont ensuite nécessaires pour découvrir les gravures.
- Le site de Fontanalbe est plus facile d'accès, moins minéral et davantage boisé. Il est aussi riche en gravures que celui de la Vallée des Merveilles. Il faut compter 2 h de marche à partir de Castérino pour atteindre l'entrée du site (lac Vert); 2 h sont ensuite nécessaires pour découvrir les gravures sur les fameuses "chiappes" de Fontanalbe. Entre la marche d'approche et la découverte des zones gravées, la visite des gravures du mont Bego constitue une randonnée montagnarde, facile mais un peu longue. Les visiteurs doivent avoir une bonne condition physique et un équipement approprié (chaussures de marche, vêtements chauds et imperméables même en été, boisson et nourriture). Sur chacun des deux sites, un refuge permet de se restaurer et de dormir. Une zone de bivouac est délimitée à proximité de ces refuges (le bivouac est interdit dans la zone protégée des gravures). Dans le hameau de Castérino se trouvent de nombreux hôtels, gîtes et restaurants, ainsi qu'un point d'information où vous obtiendrez tous les renseignements souhaitables sur le site de Fontanalbe, la vallée des Merveilles et le Parc national du Mercantour.

Comment voir les gravures ? Entre 1980 et 1995, le nombre de dégradations des gravures s'est multiplié et des mesures ont du être prises pour la préservation du site. En accord avec la commune de Tende et la Direction régionale des Affaires Culturelles, le Parc national du Mercantour en assuré la surveillance et la gestion. Les sites des gravures préhistoriques rupestres des Merveilles et de Fontanalbe sont surveillés et soumis à des règles de protection spéciales la libre circulation n'est autorisée que sur le GR 52 ainsi que sur les sentiers qui le rejoignent depuis le Pas de l'Arpette et le refuge de Fontanalbe ; il est interdit de s'en écarter. Sur ces itinéraires, deux circuits de découverte, l'un à Fontanalbe et l'autre aux Merveilles, permettent de voir de nombreuses roches gravées accompagnées pour certaines de panneaux pédagogiques. Des pictogrammes rappellent aux visiteurs les autres règles à respecter pour protéger les gravures : ne pas marcher dessus, ne pas les toucher, ne pas utiliser de cannes ferrées (ces dernières doivent être rangées sur le sac à dos dans la zone protégée).

Crédits photo : Spacebetween -