Saint Colomban de Lantosque - Mémoire ethnologie rurale - 06 Alpes Maritimes - Côte d'Azur - France |
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Plan & Accès
INTRODUCTION
1ère Partie. PRESENTATION GENERALE DE ST COLOMBAN
Localisation du Site 2ème Partie. L'EXODE RURALE ET LE RETOUR A LA CAMPAGNE
1ere Partie.
PRESENTATION GENERALE
L'objet de ma recherche sera dans un premier temps de
présenter le hameau et son évolution à travers les thèmes suivants:
l'histoire, les voies de communication, la population, l'école, les
différentes professions, l'agriculture et les ressources, l'alimentation
en eau, l'habitat.
Dans un second temps, je me propose de me pencher sur le
sujet de l'exode rurale et de ses conséquences sur St COLOMBAN, de la
situation actuelle du hameau et son devenir.
Le hameaux de St COLOMBAN est situé
dans la vallée de la VESUBIE à sept kilomètres au dessus de LANTOSQUE. On
y accède par une route étroite se finissant en “cul de sac” un peu plus
haut, au pied de la forêt de la MAÏRIS. Cinquante kilomètres séparent NICE
de St COLOMBAN.
La structure du hameau de St COLOMBAN est un peu
particulière. En effet, quand on consulte les archives de la mairie de
LANTOSQUE, on peut y lire: “hameau de St COLOMBAN avec ses écarts des
MAURIN, l'IERA, LI GLEÏAS, GORBLAOU et CAMARI”.
La présente étude prend en compte le hameau complet même
s'il est vrai que GORBLAOU et CAMARI apparaissent plutôt comme deux autres
hameaux indépendants.
Les premières habitations du hameau de St COLOMBAN
dateraient du XVIII siècle et il s'agirait des maisons en contre bas du
hameau (quartier Maurin).
L'église a été construite vers l'année 1850. Ce sont les
habitants qui ont participé à sa construction en montant les pierres une à
une depuis la vallée de la VESUBIE, à tel point qu'il y eu un trop plein
de matériau. Ainsi, une maison a été édifiée pour le curé du hameau.
Depuis, l'église a été rénovée vers 1907 à la suite d'un incendie qui a
détruit l'autel et en 1933.
Cette chapelle rurale de St COLOMBAN était réputée: Saint
Colomban avait la réputation d'avoir le don de faire parler les muets.
“Faisant boire L'église et en particulier la messe du dimanche est longtemps restée l'occasion de se réunir et de parler par exemple, d'éventuels travaux à faire en commun pendant la semaine. “Il y avait une solidarité et une entraide extraordinaire” m'a confié M. ROBINI qui, à 83 ans, sonne toujours les cloches du hameau.
Juste au dessus des habitations de St COLOMBAN, on peut
accéder par une route très pendue au cimetière. Les cimetières sont toujours très révélateurs de
l'histoire d'un village. J'y ai donc constaté que depuis le dépeuplement
des vallées, plus beaucoup de
personnes y ont été exhumées.
Jusqu'au début de ce siècle, les hautes vallées des Alpes
Maritimes ne communiquaient que difficilement avec la côte. Les routes
n'empruntaient pas le tracé
actuel mais la montagne et les plateaux, rendant les voyages longs
et souvent périlleux.
La loi mise en vigueur à Turin en juin 1853 apporte une
aide importante à la construction du réseau de communication dans le conté
de NICE.
Ainsi, a été mis en place le
prolongement du chemin de NICE à LEVENS jusqu'à DURANUS (1853), puis celui
de ST JEAN LA RIVIERE au SUQUET (1858). Le tronçon suivant, qui doit
atteindre LA BOLLENE, est réalisé lors du rattachement à la France de
1860.
Dans les années qui suivent, le service des Ponts et
Chaussées français installe l'ossature du réseau routier moderne du haut
pays. Le tracé de ces routes abandonne les itinéraires traditionnels des
cols et des crêtes et emprunte désormais le fond des vallées, où la
construction de voies d'accès plus larges est possible. C'est à cette
époque (1863) que dans la vallée de la VESUBIE, la départementale N°1
joignant le SUQUET à LANTOSQUE est réalisée.
Toutefois, si les villages du fond des vallées sont
désenclavés avant la fin du siècle, il n'en va pas de même pour les bourgs
les plus perchés comme ST COLOMBAN. C'est de 1900 à 1920, que la plupart
de ces localités finira par être desservie par des routes propres et que
les vallées seront reliées entre elles.
Concernant notre hameau, la réalisation du tronçon
LANTOSQUE - St COLOMBAN (2,5 mètre de large) s'est faite entre 1872 et
1891. A ce sujet, les archives départementales de NICE m'ont permis de
retrouver des documents précisant que la construction du chemin rural de
CAMARI (au dessus de St COLOMBAN à la forêt de la MAÏRIS a été réalisé
entre 1922 et 1926. J'ai également pris connaissance d'un contentieux
entre M. Louis Borriglione et la commune qui stipule une occupation
abusive d'un terrain lors de la construction du chemin vicinal n°5 à St
COLOMBAN (1897 et 1903).
La dernière portion de route qui mène
à St COLOMBAN (8 kilomètres, entre l'intersection pour NICE par le col St
ROCH et CAMARI), a été goudronnée, consolidée et élargie que tardivement
dans les années 50.
Enfin, notons aussi qu'à partir de CAMARI, un
chemin de terre prolonge la route jusqu'au pied de la forêt de la MAÏRIS
pour se finir en “cul de sac”. De là, partent quelques chemins balisés
pour rejoindre PEIRA CAVA par la forêt, ou encore les granges de la MAÏRIS
et les granges de SUORCAS. De GORBLAOU, en allant vers le sud, on peut se
diriger en passant par le “col de la croix”, soit vers BEASSE (hameau
abandonné), soit vers LODA (où l'on peut trouver les vestiges d'un château
du XIII ème siècle).
La population des campagnes niçoises s'est énormément
amoindrie et déplacée. Pourtant, au siècle dernier, elle était supérieure
à la population citadine.
Ce dépeuplement des régions rurales au profit du littoral
a entraîné l'engourdissement et dans certains cas, la mort hivernale de
cellules villageoises (comme TOURNEFORT, ancien hameau réduit à un amas de
ruines).
Aujourd'hui, beaucoup de localités de la moyenne montagne
du département ne comptent plus qu'une poignée d'habitants (souvent moins
de dix) en hiver et pendant la semaine. Elles ne reprennent vie que le
dimanche et lors des vacances.
C'est le cas de St COLOMBAN: malgré une soixantaine de
personnes inscrites sur les listes électorales, le hameau ne compte en
1998, qu'une vingtaine d'habitants durant l'hiver et en semaine (en
moyenne sept d'entre eux habitent à St COLOMBAN même, 8 à GORBLAOU et cinq
à CAMARI). Le contraste est flagrant: au recensement de 1911, 218
habitants résidaient dans ce hameau.
A cette époque, la proportion de jeunes était également
plus importante: en 1901, sur 192 habitants recensés, 74 avaient moins de
quinze ans, ce qui représentait entre un tiers et la moitié de la
population totale. A ce sujet, il faut noter que l'Assistance Publique
confiait des jeunes dans les familles contre une pension, ce qui
accentuait le nombre de jeunes et par ailleurs procurait un petit pécule
aux familles.
La présence de tous ces enfants nécessitait une école. Un
témoignage d'un des habitants m'a apprit que son père, né en 1885, allait
à l'école dans une cave aménagée d'une maison en face de l'église. Il y
avait alors une soixantaine d'enfants dont au moins un tiers de
l'Assistance Publique.
Vers 1900, l'école a été transférée juste au dessus de la
route non loin du lavoir.C'est
dans les années 60, alors qu' il n' y avait plus assez d'enfants,
que l'école a dû fermée.En 1986, cet édifice a repris vie pour être
transformé en gîte rural par la municipalité
de LANTOSQUE.
LES ACTIVITES
PROFESSIONNELLES
Les jeunes
n'allaient pas longtemps à l'école. En effet? pour la plupart, ils
arrêtaient leurs études à quatorze ou quinze ans. Ils aidaient ensuite
dans la famille et devenaient cultivateurs pour la majorité des garçons.
Grâce à un registre de 1954, nous pouvons noter les
principales professions des habitants de St COLOMBAN, GORBLAOU ou CAMARI :
c'étaient pour la plupart des éleveurs-cultivateurs. Mais il y avait des
maçons, des manoeuvres, des bûcherons, des cantonniers, des agents des
postes et PTT et provenant souvent de " la ville ", des instituteurs et
des médecins. Concernant les commerces, St COLOMBAN comptait pas moins de
trois épiceries et trois café-restaurants.
Des témoignages m'ont aussi appris que certains tentèrent
leur chance en ville. Ces personnes
sont devenues receveur des tramway, employé des gaz ou des eaux,
commis de préfecture, employé communal ou agent de police.
Tous les champs étaient cultivés jusqu'à la moindre
parcelle.
Un soin particulier était apporté à l'aménagement du
territoire. En effet, le relief des campagnes exigeait la construction de
murets en pierres sèches (faïsses en Nissart) pour retenir la terre et
pouvoir rendre l'agriculture possible.
La technique de construction était simple: les murs
étaient conçus afin de laisser l'eau s'infiltrer et circuler à travers les
blocs de pierre. Ces murets sont encore présents dans le décors, et
sculptent les versants ensoleillés des montagnes environnantes.
Ainsi, la forêt, au sud de St COLOMBAN n'existait pas.
C'était en fait des champs d'avoine, d'orge et de blé.
Les surfaces agraires se trouvaient autour des habitations
mais aussi dans les montagnes. L'accès à ces campagnes éloignées était
difficile car les sentiers étaient étroits, escarpés et glissants l'hiver
à cause du verglas. Cependant, ces traditionnels sentiers muletiers
étaient bien entretenus et permettaient aux paysans de rejoindre leurs
champs. Ceux sont ces mêmes chemins qui sont empruntés aujourd'hui par les
promeneurs et les randonneurs.
Une partie des ressources de la commune provenait de la
forêt de la MAÏRIS: 37 hectares de terres arrosables pour les jardins
potagers, 18 hectares de châtaigneraie et 217 hectares de bois et pâtures.
Ces boisements de feuillus et de mélèzes ont d'ailleurs
été exploités par l'état piémontais pour la construction de structures
navales (quais, pontons...) des ports de la côte Ligure. Pour Ce faire,
avant que les camions puissent monter au pied de la forêt, les billots de
bois étaient transportés par un système de câbles et de flottage.
Les prunes (les Reines Claude) étaient
reputées dans la région. Des primeurs venaient les chercher au hameau pour
les revendre sur les étalages des marchés de LEVENS ou de LANTOSQUE et des
boîtes de pruneaux étaient même expédiées jusqu'en Angleterre.
Chaque famille avait des lapins, des poules, ainsi qu'un
ou deux cochons. La viande et les oeufs étaient donc assurés pour chaque
foyer. Le cochon était tué pour les fêtes de Noël et procurait de la
viande pendant plusieurs mois.
Les fruits provenaient des vergers et l'huile d'olive
était produite à partir des oliviers qui arpentaient les collines.
Le blé provenant de la moisson de juillet était stocké
dans les greniers des maisons. Les paysans, très prévoyants, essayaient
d'avoir toujours une récolte d'avance, en cas de besoin.
Le pain fait avec ce blé, était cuit une fois par semaine
au four communal, ce qui explique l'absence d'une boulangerie à St
COLOMBAN.
Ainsi, par leur organisation et leur travail, les
habitants de St COLOMBAN, CAMARI et GORBLAOU ne manquaient de rien et
vivaient presque en autarcie. Ils n'avaient à acheter que quelques
ustensiles et outils, le sel et l'huile de cuisson.
Des nombreux documents d'archives montrent bien à quel
point l'eau était un problème crucial pour ces trois hameaux.
Pendant longtemps, l'essentiel de l'eau destinée à
l'irrigation et à la consommation personnelle, était puisé et canalisé à
partir de la rivière. Aucun point d'eau réellement potable n'existait.
En avril 1896, une lettre signée par les habitants de St
COLOMBAN précise qu'ils ne possèdent aucune fontaine d'eau de source et
qu'il serait souhaitable d'y remédier. La réponse se fait attendre mais en
juin 1899, un extrait du registre des délibérations du conseil municipal
prévoit l'adduction en eau potable du hameau de St COLOMBAN:
"Ce projet est d'une grande
utilité pour les habitants de st COLOMBAN qui n 'ont comme eau potable, qu
'une source très faible située à plus de 600 mètres du hameau qui, en été,
ayant beaucoup de peine à y puiser de l'eau pour leurs usages domestiques,
ils sont bien obligés d'avoir recours à l'eau stagnante du vallon des
OULLAS se trouvant à plus de 700 mètres de distance du hameau par des
sentiers impraticables [...]"
Le projet est adopté et la fontaine de St COLOMBAN est
installée vers 1900-1901.
C'est ensuite au tour de GORBLAOU et de CAMARI de demander
leur fontaine. C'est par l'intermédiaire du syndicat agricole que les
habitants l'obtiendront quelques années plus tard.
Au sujet de l'eau, notons aussi la création en
avril 1923 de l'Association Syndicale Libre de St COLOMBAN (formée de 35
propriétaires du hameau). Par son action, les habitants du hameau pourront
obtenir des subventions pour la réalisation de chemins agricoles ou de
canaux d'irrigation3.
Enfin, le réseau en eau
potable desservant les maisons du hameau de St COLOMBAN sera installé
progressivement de 1947 à 1966.
Après consultation des plans cadastraux, on peut remarquer
que les maisons de CAMARI et GORBLAOU sont groupées tandis que celles de
St COLOMBAN sont dispersées Le relief du terrain explique aisément cette
implantation. De plus, on peut aussi constater que les anciens avaient
installé leur maison à l'adret des montagnes, de façon à profiter au
maximum du soleil et du jour.
Les maisons sont construites sur un même type
d'architecture: en pierres et sur plusieurs niveaux: un premier niveau
pour l'écurie réservée aux animaux, un deuxième niveau pour les pièces
habitables (la cuisine, la salle commune et les chambres) et un derniers
niveau, greniers ou combles, aménagé pour le séchage et la conservation
des récoltes.
Cette disposition nécessite une circulation verticale,
soit intérieure (escalier, échelle, trappe), soit extérieure au bénéfice
de la pente du terrain. La faible surface au sol de ce type de bâtiment,
alliée à la mitoyenneté quasi obligatoire du groupement en village ou en
hameau, ont conduit à la confection de toitures simples à un ou deux
versants couvertes de tuiles rondes.
Compte tenu des déperditions de chaleur en hiver ou de la
conservation de la fraîcheur en été, ceux qui ont construit ces maisons
avaient prévu des murs épais et des ouvertures (portes d'entrée et
fenêtres) de faible grandeur.
A l'intérieur, les portes étaient souvent réduites à des
battants et l'antre du feu se situait dans la pièce principale. Bien sûr,
il n'y avait pas d'électricité ni d'eau courante et le mobilier était
réduit au minimum (lits, tables, chaises, commodes, malles de rangement). Aujourd'hui, la structure extérieure de ces maisons (âgées de presque deux siècles), n'a pas profondément changée. En revanche, les intérieurs ont été amenagés et modernisés au grès des nouveaux propriétaires.
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