Monographie agricole de Roquebillière
établie de mars à juin 1948 par MATHIEU Emile

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   Avis aux lecteurs : La monographie date de 1948; certes, certaines données sont aujourd'hui obsolètes, voir erronées. Ce qui est important, c'est le regard porté sur le village et l'ambiance qui en ressort. Vous trouverez ici, la quasi intégralité du texte de M. MATHIEU Émile.

 

Situation :

   du nord-est du département des alpes Maritimes, dans la vallée de la Vésubie qui est un affluent de gauche du Var, se trouve un riant village aux maisons neuves, aux rues larges et carrossables. Il a nom Roquebillière. "La perle de la Vésubie" comme on se plait à l'appeler, se situe à mi-chemin entre les massifs du Tournairet et de l'Authion, à 25 km en amont du confluent Var - Vésubie et à 9 km en aval de St Martin - Vésubie, station estivale renommée et baptisée "la Suisse Niçoise". Roquebillière est éloignée d'environ 55 km de Nice.
Successeur de Roquebillière le vieux, Roquebillière-nouveau est en voie de construction depuis 1933, sur le plateau du Cros qui domine la Vésubie d'une centaine de mètres sur sa droite.

Dimension - Superficie :

   D'un tracé assez régulier, le territoire communal mesure 7 km,500 dans sa plus grande longueur, pour une largeur maximum de 4 km. Sa superficie est d'environ 2475 ha, 65 a.

Altitude :

   Voisine de la limite culturale de l'olivier, l'altitude au dessus du niveau de la mer est de 610 mètres.

Relief :

   Bien que pas tout à fait dans sa force brutale, le relief est cependant alpin. Roquebillière est au sud-ouest du massif du Mercantour. Les massifs du Tournairet et de l'Authion le séparent respectivement de la vallée de la Tinée et de celle de la Roya. Sur la périphérie communale, les 2 cimes du Siruol (2.046 m et 2.066 m) la crête de Castel-vieil (1.037 m) et celle de Tres-crous (1.800 m) dessinent comme une couronne de pointes.
Au loin, dans le nord-est se profilent les sommets neigeux du Gelas (3.143 m) du Grand Capelet (2.637 m) et de la cime du diable (2.687 m) sans oublier le mont Clapier (3.045 m).
Vers le sud, les sombres forêts de Turini et de Piera Cava culminent à 1.800 m.
A proximité immédiate du village, à quelques 300 mètres au-dessus de la rivière, deux rochers en pain de sucre d'une hauteur de 80 m abritent de nombreux essaims d'abeilles, dans des cavités inaccessibles à l'homme.
le plus nettement formé s'appelle "Caïre del mel" : Le rocher du miel. En latin, la "rocca abigliera" : La roche aux abeilles. C'est là l'étymologie de l'actuelle dénomination de Roquebillière.
l'observation d'une coupe ouest-est montre l'origine glaciaire de la vallée où le torrent alpestre a par la suite sur creusé son lit.
Sur les rives de la rivière, des prairies.
Sur les plateaux des cultures (St Julien, le Cros, Plan Gast).
Sur les versants, des cultures en terrasses ou de la forêt.

Hydrographie :

   Le seul cours d'eau d'importance est la Vésubie formée à St martin Vésubie par la réunion des torrents du Boréon et de la Madone des Fenêtres qui prennent naissance en Italie. son cours est sinueux et pittoresque jusqu'à son confluent avec le Var, 30 km en aval. Son débit est irrégulier, de 3 m3 il peut passer à15 m3 suivant les saisons ou les pluies.
Pendant sa traversée de la commune, elle reçoit :
sur sa gauche; les vallons de Spaillard, de Sapa, de Ruinas, torrents alpestres dans toute l'acceptation du terme, et le vallon de la Gordolasque, long d'une dizaine de km et d'un débit égal à celui de la Vésubie. sur sa droite; les torrents du Servagne et de la Douila.

Historique :

   L'histoire de Roquebillière est celle d'un village martyr. Plusieurs fois détruit ou dévasté par les éléments déchaînés, il est ressorti de chaque épreuve plus grand et plus beau.

A l'origine :
   Les premiers habitants sont des Liguri-Capillati. Le nom de la tribu est : les Vésubiani. Pasteurs de leur naturel, ils s'installent entre le Caïre del mel et Castel-vieil. Aujourd'hui encore on peut retrouver des vestiges de ruelles, d'un cimetière (Lou cimenteri).
Les Vésubiani s'opposent plus tard aux invasions romaines mais ils succombent sous le nombre et passent alors sous domination de Rome. Cette victoire est reportée sur le trophée d'Auguste à la Turbie.
-En 261, l'impératrice Cornélie Salonine vient aux bains d'eaux sulfureuses de Berthemont (un plateau du territoire communal) pour s'y soigner. Guérie, elle accorde la liberté de conscience aux indigènes qui avaient été convertis au christianisme par St Dalmas.
-En 566, un tremblement de terre détruit le village. Ses courageux habitants viennent le reconstruire sur le bord de la Vésubie. Une église est également construite, à l'abri du Roucas, masse rocheuse qui la protègera toujours des crues subites de la rivière, en rejetant le courant de celle-ci vers la gauche de la vallée. Aujourd'hui encore, on peut voir cette église qui a été restaurée. Elle se dresse au quartier dit : La Bourgade.
-En 778, Roquebillière est rattaché au Comté de Vintimille.
-En 1094, L'église exceptée, le village est emporté par une terrible crue. Pour la troisième fois, les habitants en commence la construction (à peu près sur l'emplacement de l'actuel vieux village).
-En 1257, Roquebillière passe à la maison d'Anjou.
-En 1388, le village se donne à la Maison de Savoie.
-En 1431, on construit le chemin de levens qui doit conduire vers Nice. Jusqu'ici, seulement deux sentiers réunissaient la Vésubie à la Roya (par le col du Raus) et à l'Escarène (chemin de Sus-cuola par Loda de lantosque).
-En 1533, L'église est reconstruite dans sa forme actuelle.
-En 1564, un nouveau tremblement de terre détruit le village (300 morts) et cause de gros dégâts aux villages voisins de Lantosque et La Bollène.
-En 1680, Roquebillière est donné en fief au Comte Antoine Garagno. Un de ses descendants vivait encore à Roquebillière au début du siècle (1900).
-En 1753, Nomination du premier instituteur.
-En 1772, Encore une inondation qui cause des dégâts aux bas quartiers. Des travaux d'endiguement sont entrepris, qui survivent encore de nos jours.
-Pendant la révolution, la commune est le théatre de violents combats entre Autrichiens et Français. peu à peu, elle se fait céder des droits sur les moulins et les forêts. Jusqu'en 1805 des bandes de partisans qui sont devenus des brigands, rançonnent les habitants. Ce sont les Barbets.
-En 1796, Le Comté de Nice et par conséquent le fief d'Antoine Garagno, devint Français.
-En 1814, retour à la Maison de Savoie.
-A partir de 1832, La vente massive de bois permet d'effectuer d'importants travaux: Le canal d'arrosage du Caire, la fontaine de Vignols (captage de source), l'établissement thermal de Berthemont à 5 km en amont du village, le pont sur la Vésubie entre la Bourgade (l'église) et le village.
-En 1860, avec le Comté de Nice, la commune de Roquebillière devient définitivement Française.
-Jusqu'en 1926, peu de renseignements précis, la presque totalité des archive ayant été détruites lors de la catastrophe de l'éboulement.
-Le 24 novembre 1926, après des pluies violentes et soutenues durant une quarantaine de jours, un immense glissement des terrains détrempés entre Belvédère et Roquebillière, emporte 1/3 de ce dernier village faisant 15 morts. Beaucoup de maisons sont sinistrées. On construit des baraquements en bois sur l'esplanade devant l'église et pendant 8 années on y loge les personnes sans abri.
-En 1933, on entreprend la construction du nouveau village sur le plateau du Cros qui domine la Vésubie sur sa droite. Elle se continue encore de nos jours (1948). environ 200 maisons aux larges baies s'alignent le long d'une vingtaine de rues que l'on a voulues larges et carrossables. L'eau, le tout à l'égout sont partout. L'électricité aussi. Roquebillière est un vrai village moderne.

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