VALLÉE de la VÉSUBIE

Association départementale d'économie montagnarde. Arrière et Haut Pays. Alpes Maritimes.

   En 1992, j'ai demandé à certains de mes collaborateurs, d'être à l'écoute des curistes de Berthemont-Santé, et de s'intéresser aux attentes des touristes de la vallée de la Vésubie. En recoupant les demandes exprimées, nous nous sommes aperçu que nombre d'entre elles concernaient le passé de notre département et celui des villages de la vallée. Les ouvrages de référence proposés n'ont pas été exploités pendant les cures ou les vacances et nous avons eu l'idée de réaliser un court document utilisable de suite, donnant envie d'en savoir davantage plus tard. Je suis heureux que l'Association Départementale d'Economie Montagnarde ait pris en charge l'édition de ce document qui a d'autre part valeur de test. S'il répond aux attentes exprimées, les autres vallées et village de notre haut pays seront également et à tour de rôle pris en considération. Je remercie vivement Monsieur Gérard CAMOUS et Madame Marie-France BARENGO qui ont assuré l'essentiel des recherches et de la mise en forme de cette plaquette documentaire. 

Docteur Pierre GUIGONIS
Président de l'Association Départementale d'Economie Montagnarde

 

BELVEDERE

Belvédère (altitude : 837 m) domine, sur la rive gauche de la Vésubie, le confluent avec la Gordolasque et le village de Roquebillière-Le-Vieux. Il domine également Roquebillière nouveau situé sur la rive droite. Barver ou Belver devient au XIIème siècle Belvéder puis Villa de Bellovidère en 1388 et plus tard : Belvédère. (Bello = beau et vedere = voir) endroit d'où l'on domine tout un panorama. Belvédère suit l'histoire des villages de la vallée, avec, après la domination provençale, le passage au comté de Savoie lors de la dédition de Nice en 1388. En 1564 comme la plupart des villages de la vallée, Belvédère est détruit par un tremblement de terre. Au début du XVIIIème siècle, les soldats de Louis XIV pillent lke village et ses environs et les Franco-Espagnols feront de même de 1744 à 1747. Pendant la révolution, Belvédère fut particulièrement éprouvé du fait sans doute de la situation stratégique. Alors que la Convention avait créé le département des Alpes-Maritimes le 4 février 1793, la conquête de celui-ci n'était pas achevée. Les Sardes étaient solidement établis à Utelle et Lantosque. L'attaque des français fit se replier le Major Balagno, commandant des troupes de la Vésubie, sur la Bollène-Vésubie, Flaut, Belvédère et Roquebillière. Belvédère après la prise de la Bollèen et de Flaut fut attaqué par les troupes du général Brunet au sud (plateau de Saint-Julien) et celles du général Dagobert par la Gordolasque. Balagno battit en retraite. Le village et ses alentours furent saccagés et pillés à tour de rôle par les français, puis les Sardes, les Autrichiens, les Barbets. En effet, les Austro-Sardes réoccupèrent le village du 7 septembre 1793 au 28 avril 1794, date à laquelle des français le reprirent. Belvédère connut ensuite le retour au royaume de Piémont-Sardaigne de 1814 à 1860 et le rattachement à la France. L'église Saint-Pierre et Saint-Paul date du XVIIème siècle ; c'est une église baroque à nef centrale flanquée de bas-côtés. La consécration eut lieu le 1er août 1728. Elle fut faite par Raymond RECROSIO évêque de Nice. Autel et rétable (qui date du milieu du XVIIIème siècle) ont été classés par le ministère des Beaux-arts le 13 janvier 1925. Luc Thévenon écrit, dans Nice-Historique N°1-1992 : " deux colonnes torses d'ordre colossal encadrent une superposition d'éléments architecturaux symbolisant une basilique bâtie sur le corps du christ abrité dans le tabernacle ; une draperie surmontée d'une couronne sert de fond à la crois et à la colombe du Saint-Esprit ; le tout est orné de rinceaux et peuplé d'angelots certains sonnant des busines " . A noter également, la chaire du XIIème et la crucifixion de Bernardin Baudoin né à Nice en 1625. Quatre chapelles ont été restaurées : le Planet, Saint-Antoine, Saint-Blaise et Saint-Grat. Belvédère est réputé comme très vivant du fait qu'il a su garder ses traditions et notamment ses fêtes. Comme dans les autres villages se déroule un festin d'été mais le 1er dimanche de février est célébrée la Saint-Blaise avec office religieux suivi d'un divertissement profane, la farandole du chou-fleur. Le mercredi des cendres est fêté par une polente (plat préparé avec de la farine de maïs) gratuite. A noter également à la Saint-Michel, le festin du rosaire dédié aux bergers : il est appelé la fête du Brous (sorte de fromage fermenté très fort). En 1911, Belvédère comptait 1280 habitants. L'exode rural a sévi. Aujourd'hui 523 personnes y vivent. La vallée de la Gordolasque que l'on atteint par la route à partir de Belvédère est prisée pour ses sites sauvages. Elle permet de se rendre au hameau de Saint-Grat. Elle offre aux marcheurs, divers itinéraires dont celui du Val des Merveilles. Le hameau de Saint Grat avec sa chapelle est déjà à 1547 m d'altitude. Saint-Grat était évêque d'Aoste au VIIIème siècle. Au retour d'un voyage en orient, il aurait rapporté au pape, la tête de Saint-Jean-Baptiste. On le représente tenant sur son bras droit, un livre sur lequel repose une tête.
BELVEDEROIS CELEBRES : André LAURENTI : l'un des médecins les plus renommés du XVIème siècle. Professeur doyen de l'académie de Montpellier, il exerça la médecine à Carcassone. Médecin de la reine Marie de Médicis, il devint archiâtre (c'est à dire médecin en chef) de Henri IV. François Félix RAYNARDI : (1758-1832) Après avoir été sous-lieutenant du régiment sarde de Mondovi, puis capitaine du régiment de Nice (1794) et quartier maître Général, il entra le 30 novembre 1798 au service de la France. Il devint aide de camp du général MOREAU dans l'armée française d'Italie. Il prit le commandement des compagnies franches des Alpes-Maritimes et poursuivit la lutte contre les Barbets. Il participa à de nombreuses batailles dont celles d'Hochstedt et d'Hohenlinden. Il devint baron d'Empire sous Napoléon et reçut la légion d'honneur. Louis XVIII après la restauration le fit Chevalier de Saint Louis. 

 

LA BOLLENE-VESUBIE

Le village, (Altitude : 690 m, 309 habitants) est situé sur la départementale 70 qui relie par le Col de Turini (1607 m) la vallée de la Vésubie à celle de la Bévéra, aux vallées des paillons par Lucéram et l'Escarène et donne accès à la station de sports d'hiver de Camp d'Argent et au merveilleux circuit de l'Authion. En fait, les migrations touristiques estivales et hivernales s'établissent entre Turini et le littoral. Touristes et habitants de la côte est, de Menton, Monaco et les Italiens, empruntent la vallée de la Bévéra par Sospel, et ceux de la région niçoise privilégient l'itinéraire de l'Escarène, Lucéram. La Bollène profite peut de ces flux. Abolena que l'on trouve en 1156 dérive vraisemblablement du provençal et signifie " terre neuve ". Abolena devient Bollène en 1388 puis la Bolène et enfin La Bollène. Au XIVème et au Xvème siècles le village relève du Comté de Vintimille avec Sospel comme chef-lieu de viguerie. Au moyen-âge, une viguerie est la juridiction dont un vighier a la chage pour la basse justice. Il tient cette charge d'un comte. En 1564, on note la destruction du village par un violent tremblement de terre. En 1705 c'est l'occupation par les troupes françaises de Louis XIV et les pillages qui se renouvelleront en 1744 et 1747 lorsque la vallée de la Vésubie sera envahie par les Français et les Espagnols en lutte contre les Savoyards et les Autrichiens. En 1725 sera achevée l'église Saint-Laurent qui est une église baroque à nef unique. Elle fut consacrée le 26 juillet 1728. Le porche date de 1735. A noter un tableau de Carsini (1594), la vierge entre Saint-Jean Baptiste et Saint-Jean l'évangéliste. A droite du choeur, Saint-Blaise (Xvème). Ce tableau fut vole le 15 avril 1963 et remis quelques jours plus tard à un curé de la cathédrale de Chartres. Luc Thévenon écrit dans Nice Historique (Trésors d'art religieux de la vallée de la Vésubie) " deux ordres oeuvraient aux XVIIème et XVIIIème siècles pour le rachat des captifs chrétiens) les Mercédaires et les trinitaires. Tous deux font l'objet d'une iconographie qui permet de penser qu'un réseau de laïcs s'était mis en place dans la vallée, probablement au travers des confréries de pénitents et quêtait pour contribuer à ce rachat ". Il signale une toile trinitaire dans l'église paroissiale : " Notre-Dame du bon remède figure dans un médaillon central encadré des Saints Pierre et Antoine de Padoue. Au-dessous, la Sainte Trinité protège un ante trinitaire et deux captifs ; en bas, un trinitaire verse une rançon à un Turc et Don Juan d'Autriche est en pr_re devant les navires de la bataille de Lépante... Cette toile de la seconde moitié du XVIIème siècle à la facture très élégante est anonyme ". Et poursuit... " La Bollène compte une seconde toile intéressante qui a été prise parfois pour un voeu de Louis XIII. Il s'agit en fait d'un ex-voto de grandes dimensions. Dans la moitié supérieure, une vierge tend l'enfant à Sait-Françoise Romaine tandis que les anges apportent des roses, Saint-Catherine de Sienne et Saint-Thérèse d'Avila les encadrent, en bas deux donateur, un prêtre et un laïc sont en costume d'époque Louis XIII. A noter que La Bollène n'eut que des pénitents blancs. Pendant la révolution, alors que le département des Alpes-Maritimes vient d'être créé par la Convention (4 février 1793), les Austro-Sardes sont solidement établis dans la vallée de la Vésubie notamment à Utelle et à Lantosque. Le 28 février 1793, c'est la grande offensive française avec le repli sarde sur La Bollène, Flaut, Belvédère. La Bollène est prise le 2 mars par les troupes du lieutenant colonel Macquart. En septembre, les Austro-Sardes reprendront la Vésubie avant d'en être chassés en avril 1794. Les Barbets vont se manifester come dans les autres villages de la Vésubie et du Paillon. " Connaissant à fond leur pays sans routes, ils mènent une guérilla incessante, tirant sur les détachements français, mutilant les chevaux, empoisonnant les sources...Il n'y avait pas de noble parmi ces combattants : rien que des paysans ou des pâtres ". André Compan, Histoire de Nice et de son comté. En 1814, ce sera le retour à la Savoie et La Bollène appartiendra à compter du 10 novembre 1818 au mandement (canton) de Saint-Martin-Lantosque. Lors du rattachement à la France, La Bollène fera d'abord partie du canton de Saint-Martin, puis à partir de 1904 de celui de Roquebillière. La Bollène va devenir à la fin du XIXème siècle, une station d'été " la situation de ce village est des plus heureuse ; on y jouit d'une vue magnifique sur la vallée, sur les jardins et campagnes voisines, sur les bords de la Vésubie et sur les cimes rocheuses qui les dominent. La Bollène est un séjour d'été fort agréable ". (Renou - itinéraires). Le village répond en outre par son " site aéré et élevé " que prône le docteur Joseph Ciaudo, médecin à la Bollène, à la demande des médecins hyghiénistes. A la Bollène, deux hôtels-pensions au milieu de grands parcs reçoivent des estivants. Ce sont les pensions " Lavit " et " Nash ". Cette dernière accueille les élèves d'une institution scolaire dont monsieur NASH, un anglais est le directeur. Nous trouvons dans un livret publicitaire " saison d'été 1879 ", " la réputation justement acquise depuis 14 années de cette station nous dispense de nous étendre plus longuement à son sujet ". On y apprend que " l'hôtel Lavit peut loger 80 personnes, avec un grand salon de conversation et de lecture, des salons particuliers, des bains, des billards, des voitures pour promenades, des jeux divers dont le croquet ". Dans un " Guide pour la vallée de la Vésubie ", édité en 1903 (P. Clément), on remarque la publicité pour le Grand-Hôtel ou Bollène-Hôtel et sur l'Hôtel Cassini sur la place qui mentionne " lumière électrique toute la nuit " ; on apprend que La Bollène est pourvue d'un bureau téléphonique et que le service postal y est fait deux fois par jour. On note également que le villages est un centre d'excursions vers Turini, Camp d'Argent et l'Authion. Après la guerre de 1914-1918 où La Bollène paie comme les autres villages, son tribut en jeunes hommes, l'entre-deux guerres va apporter avec la politique de fortification de la vallée, (Flaut, Gordolon) et de l'Authion, une présence militaire d'où une vie économique plus florissante mais le processus d'exode entamé continuera après la guerre de 1939-1945.

 

LANTOSQUE

Dominant la Vésubie A cheval sur son rocher C'est Lantosque la jolie Qui dresse son fier clocher " Cantar se Libre " Il s'agit là du premier couplet de la Lantosquoise Dès le 11ème siècle on lit Lantusca ou Lantosce (1141), Lantusce (1245), Lantosca au XVIIème. La légende veut que Lantosque fut créée par des Toscans qui, assiégés se réfugièrent sur le site actuel. Avant de mourir, ils plantèrent leurs lances en terre en criant " Lancia Toscana " d'où lancia Tosca : Lantosque. Il s'agit d'une légende. Plus sérieusement et selon les auteurs, Lantosque viendrait de Lan, racine celtique signifiant : endroit consacré au village à laquelle s'ajoute le suffixe ligure usca que l'on trouve ailleurs en ascu, oscq, ascq. Ou bien il s'agirait d'une racine d'origine ligure Osc ou Asc indiquant une hauteur. Ce que nous savons, c'est que Lantusca devient Lantosque. Construit sur un éperon qui barre la vallée de la Vésubie, le village à une altitude de 500 m sur la place. Il compte actuellement 972 habitants. Notons qu'en 1848, la commune en avait 2573. Quatre hameaux : Saint-Colomban, Loda, Camari et Pélasque groupent avec le bourg la population lantosquoise. On sait que Saint-Colomban (Sanctus Colombanus) est créé au début du VIIème siècle. Après les invasions sarrasines (IXème-Xème siècles) le pouvoir des comtes de Provence s'établit sur la vallée. Lantosque voit naître au début du XIIIème siècle deux confréries de pénitents qui dureront jusqu'au XXème siècle. La plus importante fut celle des pénitents noirs dont le siège était la chapelle actuellement en face de la mairie, mais les pénitents blancs " archicon fraternita didiscipkinanti del presenze luogo di lantusca " seront très agissants. Lantosque s'administre en vraie république, son autonomie a été concédée par les comtes de Provence. Chaque année, les hommes élisent le Baylo, chef de la commune assisté des Sindici et des Consiglieri, des Arbitri, Abbati, etc.... Les notabilités de la commune forment le conseil mineur qui désigne les hommes de troupe demandés par les ducs de Savoie en cas de besoin et les députés chargés de s'entretenir avec les fonctionnaires sardes. Le commerce du sel par Levens, Utelle, Lantosque et le col de Fenestre vers le Piémont est florissant et Lantosque profite du passage des caravanes de mulets. 20 avril 1556 : un tremblement de terre détruit totalement Loda et quelques maisons à Lantosque. 20 Juillet 1564 : un tremblement de terre détruit le village et l'église. Emmanuel Philibert fera remise des impôts à la population durement éprouvée. 1621 : les pénitents blancs créent un hôpital afin de recueillir les nombreux pauvres du village et les passants démunis. 1630 : épidémie de peste. 1668 : consécration de l'église Saint-Sulpice. 1698 : création, vraisemblablement par les pénitents blancs d'un " monte granatico " qui va fonctionner à Saint-Colomban. C'est une sorte de mont-de-piété du grain. Son but est de prêter aux paysans qui n'en ont plus, du blé, du seigle, de l'orge, avec lors de la restitution, la prise d'un petit intérêt en poids de grain. A noter que les vins de Lantosque sont très appréciés par toute la vallée. En 1705, le village est pillé par la soldatesque de Louis XIV avec une nouvelle occupation en 1707 jusqu'en 1713. Pendant la guerre de succession d'Autriche où la France et l'Espagne sont opposées à l'Autriche et la Savoie, les troupes franco-espagnoles occupent en 1744 et 1747 le comté, Lantosque n'échappe pas à cette occupation. En 1792-93 sous la Révolution en sous l'Empire, les troupes françaises seront à nouveau à Lantosque où la lutte contre les Barbets sera chaude. Le Général Garnier note qu'il existe à l'époque, deux voies de communication, de Lantosque à Nice, l'une par la vallée de l'Infernet-Lucéram-l'Escarène-Drap, l'autre par le Figaret, le Pont de Saint-Jean, Duranus, Levens, Aspremont. Il faut à cheval 11 heures par la première et 12 heures par la seconde pour relier Nice à Lantosque. On va également à Saorge, toujours à cheval en 5 heures par le col de Raus, en 2 heures à Moulinet et en 3 heures au col de Fenestre. Dès 1860, date du retour du comté de Nice à la France, le quartier du Rivet connaît une grande activité. Là se trouvaient le relais des diligences avec les écuries, les entrepôts de fourrage, de paille et les hôtels " de la poste " et " Raibaut-Andréani ". La gendarmerie siégeait également au Rivet. Son déclin date de la construction de la ligne de tramways qui desservit la Vésubie de 1909 à 1928. La première véritable route passant par Levens et Duranus atteint Lantosque en 1863 ? En 1894 sera ouverte la route entre Saint-Jean-La-Rivière et Plan-Du-Var. De 1920 à 1940, la présence de la troupe dans la commune, avec la construction de casernes sera la cause d'une relative prospérité du village.
LANTOSQUOIS CELEBRES : Jean de TOURNEFORT, abbé de Saint-Pons en 1362, de Lérins en 1365, évêque de Nice en 1392. Gian Carlo PASSERONI (1737-1803), auteur du " Cicérone " et des " Favole Esopiane " Ludovic THAON, né en 1587 ; jurisconsulte avocat au parlement de Toulouse. Il publia en 1616 un ouvrage sur les tremblements de terre dans lequel im mentionna celui du 20 juillet 1564. Lantosque est le berceau de la famille THAON DE REVEL DE SAINT-ANDRE qui se distingua sous le gouvernement sarde. 

 

ROQUEBILLIERE

Village de la vallée de la Vésubie, Roquebillière se situe dans le haut-pays des Alpes-Maritimes. Bien que son altitude n'atteigne que 610 mètres, il est dominé par des sommets de 1 300 à plus de 2 000 mètres (tête du Siruol : 2 053 m). La commune possède à Berthemont, les seules sources thermales sulfureuses du département. Son autre particularité xonsiste dans le fait que deux agglomérations existent : le nouveau village et le vieux village. Le 24 novembre 1926, un glissement de terrain emporta la partie sud du village situé sur la rive gauche de la Vésubie. La décision fut prise de reconstruire Roquebillière sur un autre emplacement (Plateau du Cruos). En 1934, près de 103 maisons particulières et 5 maisons collectives étaient déjà édifiées. Un certain nombre des bâtiments du village sinistré subsistent et sont habités : c'est le vieux village. (A noter que les communes de France participèrent par leurs dons à l'achat de terrains nécessaires à la nouvelle implantation). Ecrit Roccabellera en 1149 Rocca Billera en 1152 Rocca a (Bibliera) en 1672 son nom viendrait du " rocher des abeilles " par suite de sa situation primitive au lieu-dit Villa Vieïa, près du Caïre de Mel (Rocher du miel). Les premeiers habitants connus dans la région sont un peuple ligure dont le nom : vésubiani fut inscrit sur le Trophée d'Auguste (La Turbie) après qu'ils aient été réduits par Rome. L'histoire de Roquebillière va être une suite de périodes de prospérité alternant avec de nombreuses années de malheurs dues aux guerres et aux catastrophes naturelles. En 550, invasion des Lombards qui viennent du Pô. En 566 et 614, tremblements de terre. Le village s'édifie alors au quartier de la Bourgade, sur la rive droite de la Vésubie. En 733, invasion des Sarrasins. A partir de 778 Roquebillière fait partie de comté de Vintimille. Charlemagne récompense, en lui donnant des terres, Guido Guerra, chef de guerre qui a chassé les Sarrasins. On note la construction d'un premier moulin. En 1094, une crue de la Vésubie importe le village à l'exception de l'église. Le lit de la rivière se trouve déplacé sur la rive droite, les habitants vont s'installer sur la rive gauche (emplacement du vieux village actuel). En peu d'années Roquebillière se développe. Au milieu du XIVème siècle, les terres seront ravagées par les troupes du conte de tende Guillaume Lascaris et sans protecteur sérieux du côté de la Provence, Roquebillière acceptera comme les autres villages de la région niçoise, la souveraineté du duc de Savoie, en 1388 (c'est la dédition du comté de Nice). Le XVème siècle voit es communes de Roquebillière, Saint-Martin-Vésubie, Lantosque, Belvédère, la Bollène-Vésubie, Venanson se délimiter avec règlement sur les pâturages. Du XVIème au XVIIIème siècle, Roquebillière va subir les luttes européennes dans lesquelles s'est engagée la Savoie avec en sus, épidémie de peste, famine, tremblements de terre et crues de la Vésubie. On note en 1533 la construction de l'église Saint-Michel-De-Gast. " Cette église est un précieux témoin de l'art gothique méridonal. Les hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem apposèrent en plusieurs endroits des croix pattées, qui firent attribuer à tort, l'église aux templiers. Le rétable du chevet en bois sculpté polychrome datede la fin du XVIIème siècle. Statues dorées de Saint-Michel, Saint-Jean-Baptiste et Saint-Pancrace " (ou Saint-Julien). A signaler qu'il n'y eut à Roquebillière que des pénitents blancs. Le 20 juillet 1654, un tremblement de tere détruit Roquebillière et les villages des environs. De 1691 à 1696, puis en 1706-1708, les troupes françaises de Louis XIV occupent le village. Le 22 février 1743, une crue de la Vésubie emporte une partie des habitations. En 1744, invasion du comté par les troupes Franco-espagnoles - pillages - paiement de lourdes redevances. En 1764, épidémie de peste et nouvelle crue de la Vésubie en 1789. Des travaux d'endiguement sont décidés. En 1792, (nous sommes en période révolutionnaire) les troupes républicaines qui chassent les Sardes sont à Roquebillière. Elles vont lutter également contre les Barbets. Le comté de Nice est cédé à la France en 1796 et Roquebillière devient chef-lieu de canton. Lors du rattachement au Royaume de Piémont Sardaigne en 1814, le village sera puni de son attachement à la France et le chef-lieu transféré à Saint-Martin-Vésubie. 1859, terrible épidémie de typhus. 1860 : le comté de Nice devient définitivement français. Roquebillière vote le rattachement par 503 oui et 24 abstentions. Une longue période de paix et de prospérité s'amorce. 1870, la première route qui passe par Levens atteint Roquebillière. 1871, adjudication de l'éclairage public au pétrole. 1907, Roquebillière redevient chef-lieu de canton (Roquebillière, Belvédère, La Bollène-Vésubie). 1909, la voie ferrée qu'utilisent des tramways à vapeur puis électriques est construite. La guerre de 1914-1918 provoque une véritable saignée. 55 hommes du village sont tués. En 1922 sera inauguré le monument aux morts. 24 novembre 1926, l'éboulement. Pendant la guerre de 1939-1945, le village paie à nouveau son tribut en jeunes hommes, soldats et résistants. Les américains y arrivent le 9 septembre 1944 et installent de l'artillerie au Plan-Gast d'où ils tireront sur l'Authion, la route de la Vésubie et la Madone des Fenestres. La population de Roquebillière qui comptait 1862 habitants en 1838 s'élève aujourd'hui à 1636 habitants. Elle est restée malgré l'exode rural, relativement stable. Parmi les roquebillièrois célèbres, nous retiendrons le Général CORNIGLION-MOLINIER N2 EN 1898. Après avoir participé comme pilote aux guerres de 1914-1918 et de 1939-1945, il fonda le réseau de résistants Saint-Nicolas. Arrêté par les allemands, condamné à mort, il s'évada et rejoignit l'Angleterre et fut nommé chef des Forces Aériennes Françaises Libres. Il devint en 1946 sénateur de la Seine, puis maire de Roquebillière, Conseiller Général, Député des Alpes-Maritimes et Ministre d'Etat. Berthemont-les-Bains Seule station thermale des Alpes-Maritimes, Berthemont-les-Bains est située sur la commune de Roquebillière à 60 km de Nice. On y accède en prenant la départementale 12 entre Roquebillière et Saint-Martin-Vésubie. L'établissement thermal est niché dans la montagne au fond du plateau de Berthemont, à 1 000 m d'altitude. Il es tentouré de chênes, de châtaigniers, de robiniers (faux acacias), de sapins et plus haut, de mélèzes. Près de lui coulent les vallons de Lancioures et d'Espaillart. On dénombre une dizaine de sources sulfureuses sodiques d'un débit global de plus de 200 000 litres par jour. Actuellement sont captées les sources Saint-Jean-Baptiste (agréée) et Saint-Julien (en cours d'agrément). Les séjours à Berthemont-Les-Bains sont indiqués pour les affections rhumatismales, respiratoires, O.R.L. Le climat de la stations est tonique en raison de l'altitude alors qu'en France, les autres stations soufrées ne bénéficient pas de cet avantage. L'autorisation d'exploiter les sources date du 17 avril 1878 mais celles-ci ont été utilisées beaucoup plus tôt, notamment par les romains. L'historien Durante écrit : " Il existait autrefois au vallon de Lancioures, à peu de distance de Berthemont.... des bains en pierre de taille avec édifice attenant.... et qui portent tous les indices de la construction romaine ". L'Impératrice Cornélie Salonie en 261 de notre ère vint à Berthemont faire une cure. Les résultats furent tels que son empereur d'époux (Galien) accorda aux autochtones l'autorisation de pratiquer le christianisme sans être persécutés. Berthemont s'appelait alors Rocca Alpinaria. L'histoire de Berthemont va suivre celle de Roquebillière et du comté de Nice. En 1564, un tremblement de terre détruisit totalement les bains. Ils furent reconstruits en 1663 sur ordre de Christiane de France (Madame Royale) sœur de Luis XIII et veuve de Victor Amédée 1er, duc de Savoie. - les bains portères son nom. En 1795, une avalanche (ou une crue de l'Espaillart) les détruisit à nouveau. Il faudra attendre 1862 pour qu'un marchand de bois, Charles Bergondi, que son métier conduisit à Berthemont, visite les sources, se documente et achète les terrains. Il commença à utiliser les sources dans un modeste bâtiment pourvu de 2 ou 3 baignoires. Il obtint la concession des eaux et fit construire en 1883, l'établissement thermal et l'hôtel des bains. Il fallait alors pour aller à Berthemont, prendre la diligence. Le chemin vicinal de Berthemont fut rendu carrossable jusqu'à quelques centaines de mètres de l'établissement thermal en 1879 après l'ouverture à la circulation de la route départementale de la Vésubie qui atteignit Saint-Martin-Vésubie en 1877. Des difficultés financières ayant surgi (crise de 1883-1884), l'exploitation fut suspendue. La station fut rachetée par la famille Cardon qui créera en 1886 la Société Anonyme des bains de Berthemont. Ce n'est pourtant qu'en 1896 que Barthélémy Cardon, convaincu de la valeur des eaux, restaurera l'hôtel des bains construction de la terrasse) et ouvrira les deux établissements. Les clients affluèrent, ce fut l'époque de gloire de Berhemont-les-Bains. Les séjours commençaient en juin et se terminaient en octobre. Avec la guerre de 1914-1918, l'activité de Berthemont s'amenuisa. Elle reprit avec une certaine prospérité jusqu'en 1939, début de la seconde guerre mondiale. De 1939 à 1944, les combats et les troupes d'occupation (les allemands ont quitté Berthemont vers le 10 août 1944) endommagèrent les établissements. Certains hôtels furent dès 1945, transformés en colonies de vacances. En 1950, monsieur Blanchardon acheta la station et fit reconstruire l'établissement thermal, aidé par les dommages de la guerre. En 1970, une convention allait permettre une prise en charge de la cure des assurés sociaux. Elle liait la Caisse Nationale d'Assurance Maladie à la société hôtelière et thermale de Berthemont. Divers organismes s'intéressèrent à la station qui pourtant ferma ses portes en 1983. La commune de Roquebillière racheta l'établissement thermal dont la gestion fur confiée à une société d'économie mixte qui l'ouvrit le 1er juin 1984. Depuis 1992, la gestion est assurée par Berthemont-Santé. Le docteur Artigues écrivait en 1869 : " je crois à l'avenir des eaux, je crois que le département des Alpes-Maritimes possède dans ses montagnes, un centre d'attraction et d'assistance publique qui est destiné à devenir... le digne chef-lieu des établissements thermaux du sud de la France. " Tous les renseignements concernant les cures sont à demander à : BERTHEMONT - SANTE Tél : 04 93 03 47 00 Et pour les renseignements concernant les logements à : OFFICE DE TOURISME DE ROQUEBILLIERE Tél : 04 93 03 51 60 

 

SAINT-MARTIN-VESUBIE

Village de la haute Vésubie à 60 km de Nice, Saint-Martin-Vésubie est situé au confluent des vallées du Boréon et de Fenestre. 1046 habitants y vivent. Ancien Sanctus-Martinus (1200) l'humble bourg de Saint-Martin figure dans le rationnaire sur l'Etat de Provence. Il devient Saint-Martin-de-Lantosque (San Martin de Lantusca, 1388) puis Saint-Martin-Vésubie le 29 octobre 1889. Quelques auteurs affirment que Saint-Martin remonte à la plus haute antiquité et qu'il fut ensuite un poste romain. Les templiers y possédèrent de nombreuses terres et pâturages. Raymond Bérenger, comte d'Arles et de Provence les leur donna par testament en 1130. Le 6 mai 1271, Pierre Tournefort prête hommage pour sa par du fiel de Saint-Martin. En 1388 Amédée VII de Savoie (le comte Rouge) venant de la Tinée par le Val-de-Blore et se rendant à Nice pour recevoir l'hommage de la ville (dédition) passa par Saint-Martin. Il y repassa, quelques jours plus tard et emprunta alors pour quitter le comté, le col de Fenestre. Le 18 septembre 1419, autorisation est donnée à Saint-Martin. par Honoré Marquesan, capitaine ducal du comté de Vintimille, de paver et caillouter toutes les rues et ruelles et dériver l'eau nécessaire pour la faire couler dants toutes les rues. Le 25 janvier 1470, le village brûle entièrement. Le duc Amédée IX ordonna que le village fut reconstruit aux frais du trésor et exonéra Saint-Martin d'impôts pendant 12 ans. Saint-Martin fut pendant longtemps une commune libre (universitas = communauté) qui, tout en dépendant des comtes de Provence ou plus tard de Savoir, s'administrait. En 1481, lorsque Philibert 1er de Savoie nomma Nicolas de Gubernatis comte de Saint-Martin, la révolte de la population conduisit le souverain à revenir sur sa décision.. Utelle, Lantosque, Roquebillière, Saint-Martin-Vésubie sont sur le chemin du sel vers le Piémont. Ce sel, en provenance des salines d'Hyères transite par Nice. Paganin del Pozzo, un piémontais nommé par Amédée VIII entrepreneur des Gabelles à Nice, construit vers 1430 la route paganine qui reçoit après 1560 le nom de route ducale. Neuf ponts sont jetés sur la Vésubie. Par le vallon du Boréon et le col de Ceresa elle descendait à Valdiéri vers Cunéo. Le col rendu praticable dut appelé le Pas de Pagari, nom qui lui est resté. Saint-Martin devint l'entrepôt général du sel et prit un grand essor. Charles Emmanuel 1er fait entreprendre en 1593, une route pour joindre Nice au Piémont par l'Escarène, Sospel et Tende. Saint-Martin perd son importance de halte et d'entrepôt du sel. Comme les autres villages de la région niçoise, du XVIème au XVIIIème siècle, Saint-Martin va subir les luttes européennes dans laquelle s'est engagée la Maison de Savoie, avec, notamment l'invasions des Gallispants (troupe franco-espagnole) en 1744 et 1747. En 1694 fut achevée l'église paroissiale, église baroque à nef flanquée de bas côtés. Le rétable du rosaire est remarquable ; Luc Thévenon danbs Nice Historique N°1-1992, écrit " entièrement sculpté et doré (il) rassemble les quinzes scènes des mystèresw autour d'une statue de la vierge couronnée par des angelots et encadrée de cariatides " . A noter que l'on trouver à Saint-Martin, les ruines du plus ancien monument religieux de la vallée de la Vésubie, mentionné en 1067 : le prieuré de Saint-Nicolas d'Andobio. Elles se situent à l'extérieur du village un peu au dessus de l'embranchement de la route de Venanson. Sous la Révolution, Saint-Martin connut l'occupation des troupes françaises. Le 2 mars 1793 Saint-Martin est pris par les français, puis repris en août par les Savoyards et en avril 94n par les français. En 1795, l'Etat-major sarde projeta une attaque du comté et notamment de la Vésubie, le capitaine Bonnaud, émigré de Grasse, commandant la colonne de la Vésubie se fit battre par les troupes du général Garnier aux abords de Saint-Martin, malgré sa supériorité numérique. Bonnaud fut tué. En 1814,Saint-Martin retourna à la Savoie. Le 10 novembre 1818 Victor Emmanuel répartit ses états en mandements, nous dirions des cantons. Celui de Saint-Martin-Lantosque comprend outre Saint-Martin, Belvédère, La Bollène-Vésubie, Marie, Rimplas, Roquebillière, Vaddeblore, Venanson. Avec le retour à la France, le décret du 14 juin 1860 crée le canton de Saint-Martin-Lantosque avec comme communes : Belvédère, La Bollène-Vésubie, Roquebillière, Venanson. Le 18 avril 1861, la frontière tracée entre la France et l'Italie coupe les terres Saint-Martinoises. Le Boréon et Salèzes sont données à Valdieri, Fenestre à Entraque. Ce n'est qu'en 1877 qu'une véritable route ateint Saint-Martin. Elle permet de rejoindre Nice par Roquebillière, Lantosque, Duranus et Levens. En 1894 sera ouverte la roue de Saint-Jean-la-Rivière au Plan-du-Var. En 1907, le canton de Saint-Martin sera coupé en deux. Saint-Martin conservera Venanson ; Roquebillière, Belvédère, La Bollène-Vésubie formeront un nouveau canton, celui de Roquebillière. Le terme de Suisse Niçoise appliqué à la haute Vésubie apparaît après 1860. Le géographe Elisée Reclus écrit en 1864, après avoir vanté les charmes de la région " aussi n'estèil pas douteux que les environs de Saint-Martin - Lantosque ne soient un jour considérés comme la petite Suisse du niçois. " Le développement des routes et des transports donne aux niçois aisés, la possibilité de duir la canicule estivale de la côte pour se rendre dans le haut-pays. Saint-Martin apparaît alors comme un lieu privilégié avec les possibilités de promenades vers Venanson, la Colmiane, le Boréon et la Madone des Fenestre. On notre à Saint-Martin en 1878, 2002 habitant avec 5 fours à pain, 3 moulins à farine et une fabrique d'eau gazeuse et de bière. Existent également 3 scieries, 2 martinets et une poterie. Les possibilités d'hébergement dans le village vont se développer et si l'on ne cite en 1864 comme lieur d'accueil que l'Auberge de Marchetti, en 1891 existent l'Hôtel des Alpes, l'Hôtel Bellevue, les pensions Ayraudi, Saint-Etienne et Anglo-Américaine. Des villas se construisent tout autour du village. En 1898, la renoimmée de Saint-Martin est déjà bien établie et le Président de la République Félix Faure, de passage à Nice vient le visiter. La clientèle anglaise commence à le fréquenter et au début du siècle apparaissent d'autres hôtels dont les noms sont significatifs : le Victoria, le Régina. Ce début de siècle sera d'ailleurs la grande période de Saint-Martin-Vésubie. En 1909, le 15 septembre, le tramway passant par Plan-du-Var arrive à Saint-Martin- Vésubie et fera quatre allers-retours journaliers. La ligne sera fermée le 15 avril 1928. Le plan routier intervallées qui commence en 1922 permettra de réaliser l'importante liaison Vésubie-Tinée par le col Saint-Martin (La Colmiane). Après la seconde guerre mondiale, le tourisme va se développer avec une clientèle plus populaire. Ce changement s'était déjà amorcé dans l'entre-deux guerres. La station de ski de la Colmiane va permettre des retombées économiques pendant la saison d'hiver. La création du Parc du Mercantour contribue à l'attrait touristique. Ainsi, Saint-Martin-Vésubie maintient une réputation non usurpée de station vivante et agréable. La Madone de Fenestre (altitude 1904 m) Lazare Raiberti dans " Saint-Martin et la Madone de Fenestre " expliquant le nom donné à la Madone, écrit : " le voyageur qui est placé sur l'esplanade du sanctuaire, en tournant le regard vers les cimes crénelées du Ponset et du Mont Colomb, au nord-est, aperçoit à l'extrémité supérieur d'un rocher inaccessible, une ouverture à travers laquelle on voit un carré de la voûte céleste. Les angles de l'ouverture sont réguliers et symétriques. Elle a la forme exacte d'une fenêtre ". " Le chemin de Fenestre... devait être antérieur à la conquête romaine parce que l'échancrure du col était une voie facile et naturelle pour les communications des peuplades des deux côtés des Alpes-Maritimes ". Il est fort possible qu'une voie romaine ait emprunté le col. Vraisemblablement, un refuge exista très tôt pour protéger les voyageurs. Le sanctuaire fut peut-être un temple romain. Il fut reconstruit en 887 par les Bénédictins sous le nom de Notre-Dame des Grâces. Les Sarrasins le détruisirent au Xème siècle. C'est alors que, selon le légende, la vierge apparut. Au XIIIème siècle, il fut reconstruit par les templiers qui érigèrent également un hôpital. Après 1307 et la disparition des Templiers, le sanctuaire dépendit de la cathédrale de Nice. Dès 1388, le col est le meilleur passage unissant les terres savoyardes de Nice et du Piémont mais l'enneigement ne le rend praticable que quelques mois par an. En 1456, le feu détruit l'hospice de Fenestre, refuge des voyageurs. En 1579, la peste sévissant au Piémont, le gouverneur de Nice envoie des troupes au col pour empêcher le passage. Malgré cette précaution la peste envahit quand même le comté et fait e nombreuses victimes à Saint-Martin. En 1655, un incendie brûle les maison attenantes à l'église. En 1744 afin de rendre impossible la traversée du col de Fenestre à l'armée franco-espagnole du prince de Conti et de Don Philippe infant d'Espagne, la route fut minée. Le 15 août 1762 a leur un couronnement de la vierge devant une multitude de fidèles. Un autre couronnement se fera le 15 août 1826 avec Monseigneur Colonna d'Istria, évêque de Nice. Sous la révolution, le sanctuaire fut pillé et saccagé en 1792 et incendié en 1793. Il sera reconstruit par les Saint-Martinois. Pendant cette période, le culte étant interdit, la statue de Notre-Dame de Fenestre fut cachée. En 1838, une avalanche détruit les maisons. En 1845, 1861, 1867 des incendies font de même, seule la toiture de l'église en souffre en 1867. De 1860 à 1947, bien que toujours propriété de l'évêché de Nice, sur la commune de Saint-Martin, le sanctuaire reste sous la souveraineté italienne. Il devient français en 1947 lors du traité de Paris.

 

UTELLE La Madone d'Utelle

Altitude : 882 m L'emblème d'Utelle est un ours dressé près d'un arbre. Le nom d'Utelle dérive vraisemblablement de la peuplade ligure des Oratelli dont le nom est inscrit sur le tophée d'Auguste (La Turbie). On trouve Uels (1150), Castrum de Utellis (1200). Après l'annexion du comté de Nice à la France (1860) et le passage des routes par les fonds de vallée, le site même d'Utelle est déclassé par rapport aux lieux de passage, même si une route a été percée vers la Tour alors que " durant des siècles Utelle a été situé sur les chemins qu'empruntaient les voyageurs se rendant de la vallée de la Tinée dans celle de la Vésubie et inversement " me LORGUES-LAPOUGE (Nice-Historique 1952). Ce sont les hameaux d'Utelle qui se situent sur les routes, Saint-Jean-La-Rivière (route de la Vésubie, l'Imbergué (route de Levens), le Chaudan (route du Var). Le Figaret et le Cros sont à l'écart et le Reveston totalement abandonné (*). La commune d'Utelle est l'une des plus étendue du département : 6797 ha. Elle atteint presque la superficie de la commune de Nice, les records étant détenus par Valdeblore (9416 ha) et Isola (9798 ha). En 1861, Utelle et ses hameaux comptait 2172 habitants, en 1990, le recensement en donne 462. En fait Utelle a dû sa prospérité au commerce du sel, se faisant par les sentiers muletiers sur le trace Nice-Levens-Utelle. Le village était alors une plaque tournante dans le cadre des Etats de Savoie avec une direction vers la Tinée et Chambéry, l'autre vers Lantosque-Saint-Martin-Vésubie, le Col de Fenestre et le Piémont. Utelle était alors une bourgade, c'est à dire une agglomération qui possédait des organismes administratifs ou commerciaux et un certain nombre de fonctions tertiaires : ponts et chaussées, médecins, magasins, foires. Ce n'est plus qu'un village. Le bouleversement est venu de la ruine totale du commerce muletier et du transport du sel. A partir de 1780, ce transport va se faire par la route carrossable du col de Tende. 1258 : Utelle est compris dans la viguerie du comté de Vintimille et du val de Lantosque constitué à la suite des accords territoriaux obtenus par Charles 1er d'Anjou comte de Provence avec les comtes de Vintimille et de Gênes. Pendant longtemps elle sera commune libre (universitas). Ildefonse d'Aragon et la Reine Jeanne d'Anjou autorisèrent les utellois à porter à la ceinture un coutelas d'une " palme et demy " de lame, ce qui leur donnera le surnom de " couteliers ". Utelle connaîtra les invasions surtout entre le XVIème et le XVIIIème siècle ou la Savoie participe aux guerres européennes. En, 1793, sous la révolution, les troupes françaises qui avaient occupé la Vésubie furent repoussées par les Austros-Sardes jusqu'à Gilette et ce fut Masséna qui dégagea Utelle et occupa le Brec. " L'église d'Utelle est l'un des monuments les plus remarquables de la montagne niçoise et qui provoque une impression saisissante par ses vastes proportions, la variété et la richesse de sa décoration intérieure ". Mme LORGUES-LAPOUGE (Nice Historique 1952). L'église Saint-Véran est en effet le reflet de la richesse de la commune utelloise. L'édifice n'est pas homogène, il a subie de nombreux remaniements. Peut-être est-il du XIVème avec les voûtes du XVIIème qui remplacèrent la charpente primitive. Il a été fait appel pour la décoration intérieure à des artistes que l'on a chèrement rétribué. Sur la porte, bas-reliefs en bois avec en haut l'annonciation et sur les vantaux, des petits panneaux représentant la vie de Saint-Véran. La date de 1542 est mentionnée. A l'intérieur, situé derrière le maître-Autel : - un rétable en bois de noyer sculpté en bas-relief. Il occupe tout le fond du cœur (7,50 m de haut sur 4.80 m de large). La date de ce rétable est inconnue, peut-être 1651 qui correspondrait à une réfection de l'église. " Bonaparte, dit-on, voulait en orner le Louvre. Il offrit en compensation 200000 francs et sur refus menaça de l'enlever de force, mais les consuls d'Utelle veillaient ". (P. CANESTRIER). - La chaise en bois sculpté (XVIème) avec main tendue tenant le crucifix. - Le rétable de Saint-Antoine (décors de Calderaro) 1772. - Les fonts baptismaux en pierre recouverts par une pyramide en bois sculpté. - Un magnifique tableau de l'annonciation (XVIème) - Deux toiles en rapport avec la maison de Savoie. " Elles forrment une paire et elles ont probablement été réalisées par le même artiste anonyme à la fin du XVIIème ou dans les premières années du XVIIIème siècle sous le règne de Victor Amédée II ". Luc THEVENON (Nice Historique 1992). La première représente Amédée IX, duc de Savoie faisant l'aumône. Il est en grand manteau de cour. La seconde, montre Saint-Michel revêtu d'une armure. La paroisse d'Utelle a compté jusqu'à 22 édifices religieux. (*) N.D.L.R. Nous n'avons pas trouvé de document confirmant le fait, mais la vox populi dit que cet habitat a servi pendant la dernière guerre, de refuge à des maquisards et à des familles israélites pourchassés par les allemands. La Madone d'Utelle Altitude : 1174 m Il existe à Utelle, un tourisme grâce à la Madone d'Utelle - Notre Dame des Grâces. Le sanctuaire fondé en 850 fut reconstruit en 1806. C'est un lieu de pélerinages. Selon la légende, des marins portugais (ou espagnols) les frères Olivarès, pris par la tempête dans le golfe de Nice virent sur le plateau de " la Madone " une lumière qui les guida et leur permit d'aborder sains et sauf.... Ils bâtirent en reconnaissance, un sanctuaire. Les trois frères s'installèrent, l'un à Utelle, l'autre à La Tour, le troisième au Figaret, c'est la raison pour laquelle lors des pèlerinages ce sont des habitants d'un des trois villages qui portent la stature. Près du sanctuaire, l'on recherche des " étoiles ", ce sont des crénoïdes (petits fossile), la légende veut que ce soit la vierge qui les jette. 

 

VENANSON

Construit sur un éperon rocheux, le village, (altitude 1164m, 95 habitants), domine la vallée de la Vésubie. Anfosi et Radiguet écrivent en 1873 dans " Album de la Vésubie " : " en face et au-dessus de Saint-Martin-Vésubie, pne pyramide s'élance comme vomie d'un cr&tère, sous la coupole du ciel, sans que rien, à son entour, semble justifier son existence. C'est le clocher d'un tout petit village suspendu comme un nid d'aigle, au-dessus d'un abîme. " Venacionis en 1109, Venaczoni en 1388, Venasson en 1499, Venansson en 1760 et enfin Venanson. L'historien Durante formule l'idée d'un rendez-vous de chasse, Venanson vendant de Venatio : chasse, pays de chasse. André Compan rapproche le nom du radical Vena-Venas-Venassa qui signifie point d'eau, source. Il écrit dans Toponymie de Saint-Martin-Vésubie et Venanson " : " la position de Venanson par rapport au Riou et à la Vésubie pourrait faire accepter cette hypothèse. " Venanson eut une confrérie de pénitents noirs. La chapelle Saint-Sébastien sur la place du village fut construite au XVème siècle pour arrêter l'épidémie de peste qui sévissait à cette époque. Pour Luc Thévenon, c'est le joyau de la Vésubie " (Nice Historique 1992) : " elle abrite des peintures exécutées par Giovanni Baleison qui les a datées du 26 juillet 1481, jour de la Sainte-Anne. Elles racontent la vie de Sébastien, jeune damoiseau dont le martyre occupe le chevet ". Giovanni Baleison, originaire de Demonte dans la Stura.... a partagé son activité entre les Alpes pièmontaises, la Ligurie et le pays niçois. Du XVIème au XVIIIème siècle, Venanson va subir les méfaits des luttes européennes dans laquelle la Savoie est engagée avec l'invasion des troupes françaises puis franco-espagnoles. En 1564, le du Emmanuel Philibert de passage à Saint-Martin-Vésubie, doit faire rédiger un accord entre les habitants de Venanson et ceux de Saint-Martin pour que cessent les luttes pour des questions de limites de territoire de droit de pâture. Le 15 février 1644, l'église paroissiale de Venanson s'écroule, victime d'un tremblement de terre. Elle est reconstruite entre 1644 et 1650. C'est une église à nef unique, "bordée de profondes chapelles latérales suivant le principe jésuite de la travée rythmique : elle se termine sur un choeur à chevet plat ". Luc Thévenon nous signale d'autre part que les " enquêtes sur la peinture du XVIIème siècle dans la vallée ont permis d'identifier plusieurs maîtres niçois qui y ont travaillé soit pour les paroissiales, soit pour les chapelles de pénitents. Le premier est Guillaume Planeta, auteur du maître autel de l'église de Venanson en 1645 ". Administrativement, depuis 1818, Venanson est rattaché au canton de Saint-Martin-Vésubie (mandement savoyard de 1818 et décret français du 14 juin 1860).

 

BIBLIOGRAPHIE 

OUVRAGES DE BASE I - Alpes-Maritimes - histoire - géographie. André Ripart. En vente au C.D.D.P. des Alpes- Maritimes, 51 ter, avenue Cap-De-Croix, 06100 NICE. Tél : 04 93 53 72 06 II - Histoire de Nice et de son Comté - André Compan - Editions Serre. OUVRAGES PARTICULIERS 1 - Album de la Vésubie 1873 - Anfossi-Radiguet, Musée Masséna, Bibliothèque de Cessole 2 - Belvédère sous la Révolution - Louis Cappati 1932, Archives départementales 3 - Berthemont-les-Bains, Grand Hôtel Beauséjour (livrets publicitaires), musée Masséna, Bibliothèque de Cessole 4 - Création du 1er département des Alpes-Maritimes - C.D.D.P. 5 - Guide pour la vallée - Vésubie - P. Clément - 1903 - Musée Masséna, Bibliothèque de Cessole 6 - Histoire de Lantosque - Jean Salomone - 1956 - Archives départementales 7 - Lantosque - Notre village - J. Passeron - Archives départementales 8 - La station d'été de la Bollène dans la vallée de la Vésubie - Joseph Ciaudo - Archives départementales 9 - La Suisse Niçoise - J. Marie Laurent - Nice Historique - 1992 N°1 10 - Le Maréchal de Camp Joseph-François Félix Raynardi de Belvédère - Louis Canestrier - Annales du comté de Nice - Archives départementales 11 - Les grandes heures de Berthemont - Raymond Herment 1954 12 - Notice sur Belvédère par J. Fontana - Archives départementales 13 - Notre pays vésubien - Paul Canestrier - Musée Masséna, Bibliothèque de Cessole 14 - Nouveau guide sur la haute-Vésubie - 1930 - Martin Charles. Syndicat d'inititive Saint- Martin-Vésubie - Musée Masséna, Bibliothèque de Cessole 15 - Riviéra Côte d'Azur - Vincent Pasquetta - 1948 16 - Roquebillière - Alfred et Félix Musso - Archives départementales 17 - Roquebillière Notes d'histoire - Auguste et Félix Musso - Editions Serre 18 - Saint-Martin et la Madone de Fenestre - Lazare Raiberti - 1983 Editons Serre 19 - Saison d'été 1879 - Livret publicitaire - Musée Masséna, Bibliothèque de Cessole 20 - Souvenir de la Vésubie : Saint-Martin-Vésubie, capitale de la Suisse Niçoise - Louis Cappati - Archives départementales 21 - Toponymie de Saint-Martin-Vésubie et Venanson - A. Compan - Nice Historique 1966 22 - Trésors d'Art religieux de la vallée de la vésubie - Luc Thévenon - Nice Historique N°1 1992 Musée Masséna, Bibliothèque de Cessole. Crédit photos : couverture, DIRCOM 06 intérieur : J.L. OTTO-BRUC - G. CAMOUS