PRÉFACE
Le massif de l'Authion est entré dans l'histoire de France et
du département des Alpes-Maritimes après avoir appartenu à celle du
comté de Nice et du duché de Savoie. Ses pentes ont connu de farouches
combats dont les derniers se sont déroulés en 1945. Actuellement
milieu naturel protégé, au cœur du Parc National du Mercantour,
l'Authion, avec sa masse imposante, invoque la paix et la sérénité.
L' Association Départementale d'Économie Montagnarde (A.D.E.M.) en
collaboration avec le Syndicat Intercommunal Touristique des Alpes
d'Azur (SITALPA) a pris l'initiative de réaliser le présent document.
Il va contribuer à l'information des nombreux visiteurs français et
étrangers qui parcourent l'été le circuit de l'Authion ou désirent
s'y rendre. Je souhaite que les offices de tourisme et les syndicats
d'initiative assurent la plus large diffusion de ce livret dont je
félicite l'auteur, monsieur Gérard CAMOUS.
Docteur Pierre GUIGONIS Président de l'A.D.E.M.
Le département des Alpes-Maritimes comprend une zone de
montagnes qui couvre environ 87% de sa superficie et une zone littorale.
Le massif de l'Authion situé à l'Est, en avant du Mercantour, a
toujours présenté un grand intérêt stratégique puisqu'il domine la
principale voie de passage vers le Piémont : la vallée de la Roya. Il
va être au cours des temps, l'objet de convoitises et le lieu de
violents combats.
L'AUTHION
Depuis 1388, date de la dédition de Nice à la Savoie,
le pays de Nice qui deviendra comté de Nice en 1526 (le mot comté a un
sens administratif et non féodal), est sous la tutelle des comtes de
Savoie qui deviendront ducs de Savoie et rois de Sardaigne. En 1689, le
duc de savoie, Victor-Amédée II, s'allie aux ennemis de Louis XIV. Le
général CATINAT en mars-avril 1691 vient faire le siège de Nice et
les troupes françaises s'emparent de la ville. Commence alors la
conquête du comté qui verra les premiers combats de l'Authion et la
chute de la forteresse de Saorge. Le comté de Nice sera rendu à la
Savoie le 24 août 1696 par le traité de Turin. Dans la guerre de
succession d'Espagne, Victor Amédée choisit à nouveau les ennemis de
Louis XIV et le comté e Nice sera occupé en 1706 jusqu'à Sospel. Des
combats vont se dérouler dans l'Authion mais Saorge résistera. Le
comté redeviendra savoyard en 1713 au Traité d'Utrech. Le même
scénario se déroulera de 1744 à 1747 où les troupes
franco-espagnoles (Gallispans) occuperont le comté à l'exception de
Saorge. Sous la Révolution, en 1792, les troupes françaises
commandées parle général d'ANSELME entrent dans Nice. Les troupes
sardes se replient sur Saorge et font du massif de l'Authion, un
véritable camp retranché. Lorsque la Convention crée le 4 février
1793, le département des Alpes-Maritimes sur les frontières du Comté,
celui-ci n'est pas totalement conquis. En juin 17932, malgré de furieux
assauts, les français ne peuvent s'emparer de l'Authion. Il faudra
attendre 1794 pour que les troupes du général MASSENA enlèvent le
massif, prennent Saorge et Tende et occupent de ce fait tout le
département. En 1814, après l'abdication de Napoléon 1er, le
département redeviendra savoyard et sarde et reprendra le nom de comté
de Nice. En 1860, le Traité de Turin prév oit qu'en échange du
soutien apporté au Piémont pour réaliser l'unité italienne, la
France recevra le Comté de Nice après consultation des populations. Le
comté de Nice par 25 743 "oui ", 160 " non " et 30
bulletins nuls, vote le rattachement à la France. La loi du 23 juin
1860 crée le département des Alpes-Maritimes. L'Italie conserve Tende
et la Brigue. " Situé face à la frontière italienne et au col de
Tende, l'Authion est considéré par l'Etat-Major français comme la
clé de voûte du système défensif des Alpes-Maritimes. Ainsi, dès
1880, des routes stratégiques sont ouvertes, les forts de la Forca, de
Mille-Fourches (1883), le camp de Cabanes Vieilles (1890) et la Redoute
des Trois Communes (1898) sont édifiés. Ruines des casernes de
Cabannes Vieilles Avec l'arrivée au pouvoir de MUSSOLINI et la
dégradation des relations franco-italiennes, l'Authion devient un
massif fortifié. La construction en 1929 d'un téléphérique reliant
la route du Moulinet à Turini et le camp de Cabannes Vieilles, facilite
en toute saison le ravitaillement des troupes. Dans le cadre du
programme MAGINOT, les forts de Plan Caval, Raus, la Béole, la Déa
sont mis en chantier à partir de 1933 (1) ". L'ensemble fait
partie du secteur fortifié des Alpes-Maritimes (S.F.A.M.). Le 10 juin
1940, l'Italie déclare la guerre à la France (Mussolini espère
annexer Nice et la Savoie). L'offensive italienne se déroule du 20 au
25 juin. Face aux 35 000 hommes du XVème corps et du S.F.A.M., les
italiens alignent 140 000 hommes. Ceux-ci sont bloqués par l'artillerie
de la ligne de forts et de fortins. 7 soldats français et 179 italiens
trouveront la mort. Le 25 juin, l'armistice est signé. Les
Alpes-Maritimes font partie de la zone libre à l'exception de Mentoon
et d'une partie des communes d'Isole et de Fontan. En 1942, à la suite
du débarquement allié en Afrique du Nord, les Alpes-Maritimes sont
occupées par les italiens. Ils seront remplacés par les allemands en
1943. (1) Pascal DIANA (extrait du mémoire de maîtrise soutenu sous la
direction de M. Ralph Schor) Observatoire du fort de Plan Caval Après
le débarquement allié du 15 août 1944 au Dramont, dans le Var, la
majeure partie du département est libérée le 6 septembre ; mais la
haute vallée de la Roya et le massif de l'Authion sont toujours
occupés par les allemands qui remettent en état les fortifications. La
capitulation allemande aurait pu être attendue mais le général DE
GAULLE souhaite que Tende et La Brigue soient rattachées à la France.
Il pense forcer la main aux alliés qui sont assez hostiles à une
modification des frontières. Le 9 avril 1945 à Nice, il annonce
l'offensive sur l'Authion et la Roya. L'opération "Canard "
débute le 10 avril. Elle est commandée par le général DOYEN et
groupe la 1ère division motorisée d'infanterie (1ère D.F.L. venue
d'Alsace), le 3ème régiment de tirailleurs sénégalais, le B.I.M.P.
(bataillon d'infanterie du Pacifique) et des chars du 1er régiment de
fusiliers marins. Les allemands opposent la 34ème division d'infanterie
et une partie de la 5ème division alpine. Le 12 avril, les français
enlèvent l'Authion au prix de 274 tués et 644 mutilés ou blessés, et
poursuivent les allemands. Le 13 avril, Breil est libérée ; le 14,
Tende et La Brigue le sont à leur tour. Ces deux communes deviendront
françaises en 1947 par le traité de Paris ainsi que les territoires
que des communes des Alpes-Maritimes possédaient en Italie. Reconquête
du massif de l'AUTHION 10 - 12 avril 1945 Opération " Canard
" Récit de l'opération contre le fort de Mille-Fourches conduite
par le Lieutenant-Colonel LITCHWIZ, Commandant du groupe d'assaut de la
1ère D.F.I (extrait) " A quatre heures du matin, nous commençons
à gravir la montagne au sommet de laquelle se trouve Mille-Fourches.
Plusieurs éclatements de mines antipersonnels... des blessés... il
faut attendre les premières lueurs du jour pour déminier. A cinq
heures du matin, nous reprenons notre progression.... Après une
demi-heure d'ascension, je demande par radio la préparation
d'artillerie. Le tir des 155 entame une partie de la montagne, des blocs
de rocher dévalent sur nous... Je fais envoyer une fusée rouge pour
interrompre le tir d'artillerie... Nous nous contenterons des mortiers
à fumigènes qui coiffent maintenant le sommet de Mille-Fourches. Nous
approchons du sommet, nos mortiers claquent à cinquante mètres... Au
moment précis où nous commençons à distinguer la redoutable
silhouette du fort, le feu semble jaillir de toutes les pierres en même
temps, nous avons l'impression qu'on nous tire dans le dos ; c'est la
garnison du fort de la Forca qui vient de nous apercevoir. Le fort
illuminé par le feu qui sort de toutes les embrasures, a un aspect
terrifiant.... Les pertes se multiplient, impression de flottement. Nous
rampons dans la boue pour nous rapprocher de nos objectifs. Un obus de
l'artillerie a fait une énorme brèche dans la grille mais, à 80
mètres, la caponnière est intacte. Il faut la détruire si nous
voulons descendre dans le fossé qui entoure le fort, du moins de ce
côté... Après avoir pris tout le temps, les deux bazookas tirent les
deux rockets qui atteignent la caponnière. Immédiatement, les
lance-flammes des autres sections entrent également en action... Nous
grimpons sur le toit du fort, jetant nos grenades à phosphore dans
toutes les bouches d'aération. L'air est bientôt irrespirable, la
fumée nous aveugle, nous sommes obligés de mettre nos masques... dans
le brouillard, de l'arrière du fort, deux bras se sont levés et
presque immédiatement deux autres. Bientôt toute la garnison, avec ses
officiers, en toussant, s'aligne d'une manière impeccable... "
L '
AUTHION et le
Parc National du Mercantour
L'Authion est inclus
dans la zone centrale du Parc National du Mercantour. L'aigle royal, à
tout seigneur tout honneur, est le maître du ciel de l'Authion :
plusieurs couples s'y donnent rendez-vous. Des chocards à bec jaune
occupent les forts où ils nichent dans les hauteurs, leurs sifflements
courroucés vous indiquent qu'il est dangereux de s'approcher des ruines
militaires. Les grands corbeaux avec une envergure de plus d'un mètre,
effectuent sous vos yeux, d'époustouflantes acrobaties aériennes
ponctuées de "crock ! crok ! ". De nombreux petits passereaux
sont présents surtout à proximité de Plan Caval et de la Redoute : le
rouge-queue noir, très reconnaissable à son habitude de hocher la
queue, se pose souvent sur les ruines, le traquet motteux est
identifiable en vol dans les alpages grâce à son croupion blanc. La
flore est exceptionnelle tant par le nombre des espèces que par la
quantité. Ce sont de milliers d'anémones pulsatiles qui parsèment le
sol à la fonte des neiges, suivies de près par les gentianes
printanières, d'un bleu très intense. Dès le mois de juin
apparaissent les orchidées : nigritelles à l'odeur vanillée, orchis
moucherons couleur lilas, orchis à odeur de sureau, orchis blanchâtres
et orchis globuleux sont les plus visibles non loin de la Redoute. Toute
la flore typique alpine est aussi présente : oeillets négligés,
arnica et grande gentiane jaune sont visibles de la route. Lépilobe et
les rhododendrons sont présents dans les ubacs, annonçant le début de
la forêt de mélèzes. Faunes, flore, paysages, tout est ici protégé
par la présence du Parc du Mercantour. Soyez les bienvenus dans ce
milieu naturel. En respectant la réglementation du Parc National qui
relève d'un code de bonne conduite, vous contribuerez à préserver ce
site grandiose de l'Authion. BONNE DECOUVERTE... !(1) (1) Ce texte a
été mis gracieusement à la disposition de l'ADEM par le Parc National
du Mercantour De nombreuses " vacheries " accueillent, pendant
la période estivale, les bovins des vallées environnantes. Ce sont des
bâtiments qui regroupent l'habitat des bergers, la fromagerie,
l'étable et la cave pour l'affinage du fromage " de montagne
" fabriqué sur place. Les deux vacheries que l'on voit du circuit
sont celles de Cabanes Vieilles et de l'Authion. Du fait de la
diminution progressive des bovins dans la région, certaines vacheries
sont occupées par les moutons et les chèvres. Du début du mois de mai
à la fin du mois de novembre, le circuit de l'Authion est ouvert aux
visiteurs. L'hiver, une petite station de ski, celle de Turini - Camp
d'Argent, très familiale, accueille les amoureux de la neige. Les
hôtels du Camp d'Argent et de Turini sont ouverts toute l'année. Les
forêts du massif sont exploitées et les coupes fournissent de
magnifiques grumes de résineux. Vacherie de l'Authion Vacherie de
Cabanes vieilles Le circuit de l'AUTHION Le circuit se fait en
véhicule. Prévoir des arrêts à Cabanes Vieilles, Plan Caval (aller
jusqu'à l'Observatoire), au monument des fusilliers marins d'où l'on
rejoint à pied la Redoute des 3 Communes et le Fort de la Forca. Le
dernier stationnement permet de rejoindre le Fort de Mille Fourches et
de la Forca. Attention ! Il est interdit de pénétrer dans les ruines.
Elles sont dangereuses.