Monographie agricole de Roquebillière établie de mars à juin 1948 par MATHIEU Emile - 06 Alpes Maritimes - France
Monographie agricole de Roquebillière établie de mars à juin 1948 par MATHIEU Emile - 06 Alpes Maritimes - France

 
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Le Maïs

C’est la culture la plus prospère au village qui est d’ailleurs le premier producteur de maïs dans la vallée. Son évolution est assez semblable à celle du blé.La variété locale est également très rustique et difficile à déterminer par suite d’une adaptation très ancienne (gros grain jaune orangé).

Dans l’assolement, le maïs se cultive en général après le blé ; quelquefois il le précède. Il demande les mêmes soins, tant dans la préparation du sol que dans le choix de la semence. Les semis se font par paquets de 2 ou 3 grains, à l’aide d’une toute petite pioche (Lou magaillou), mais sans ordre et trop rapprochés (environ 25 cm). Le maïs se cultive peu au titre de fourrage vert. Les soins d’entretien consistent en un éclaircissage insuffisant opéré au cours d’un sarclage. On arrose fortement et fréquemment pendant les fortes chaleurs (juillet et août). Les épis récoltés en octobre sont attachés en grappes en 3 ou 4 (caralés). Pour procéder à leur séchage, on les suspend soit sur les appuis des balcons, soit dans les greniers. L’égrenage s’effectue à la main pendant les veillées ; la mouture au moulin communal.

Il ne faut pas compter un rendement supérieur à 30 hl par ha. (l’hl pèse 80 kg environ).

La farine est consommée dans la famille, sous forme de bouillie consistante (La Polenta). Une partie du grain sert à l’alimentation des volailles. Les tiges sont quelques fois utilisées comme fourrage.
Les améliorations souhaitables devraient porter sur les semis en lignes, sur un espace suffisant de 50 à 60 cm entre les pieds, sur les sarclages et l’écimage après la fécondation.

Autres céréales

Orge et Avoine (en culture dérobée, consommation en vert). Quelquefois, un peu de seigle dans les terres pauvres et élevées. Mais ces cultures sont vraiment sans importance.

La Pomme de Terre

En raison des difficultés actuelles du ravitaillement, cette culture subit depuis quelques années une grande extension. La semence, lorsqu’elle n’est pas échangée sur place entre propriétaires de quartiers différents (variétés locales rustiques) est achetée dans les villages plus élevés de St Martin-Vésubie, de Venanson ou de St Dalmas-Valdeblore. Des variétés nouvelles, importées du dehors, se répandent : Eerstelingen, Earlj.
La pomme de terre vient toujours en tête d’assolement et après la récolte elle laisse un sol meuble, propre, fertile et assure ainsi la réussite de la culture suivante (Blé).

La préparation du sol consiste en un labour qui n’est pas toujours suffisamment profond (15 à 20 cm). La fumure un peu juste, se fait uniquement au fumier de ferme. Pas d’engrais.

L’époque de la plantation va de la fin Mars au mois de Mai. Elle est un peu plus hâtive dans les terrains secs, non irrigables. On commence à planter en lignes et la méthode tend à se généraliser, mais les plants restent encore trop rapprochés (15 à 20 cm). Ici encore, on ne prête pas assez d’importance au choix de la semence. Pas de préparation particulière (ni verdissement, ni germination préalable).

Les soins d’entretien se bornent à un sarclage lorsque les plants ont une quinzaine de centimètres et à plusieurs arrosages au moment de la floraison. Contre le mildiou et l’enroulement, maladies assez rares il est vrai, on ne fait pas grand-chose. Contre le doryphore qui a fait son apparition dans la commune voici 2 ans, les cultivateurs se sont organisés et l’un d’eux s’est chargé des traitements à l’arséniate.

La récolte a lieu du mois de Juillet à l’automne. L’arrachage est pratiqué au moyen de la houe à dents. Le séchage se fait sur le terrain. Les tubercules sont ensuite transportés sur un sol bien sec de la grange, où ils sont conservés après triage. Les rendements se chiffrent aux alentours de 60 quintaux à l’ha.

Les améliorations, si elles étaient observées, conduiraient à des récoltes plus importantes (verdissement, germination préalable, division des tubercules plusieurs jours avant la plantation, celle-ci étant faite en lignes avec des espacements suffisants). Amélioration également des façons culturales (buttage, sarclages). Fumure naturelle complétée par l’emploi d’engrais en se souvenant que la pomme de terre préfère le superphosphate aux scories.

La Betterave

Cette racine qui réussirait très bien dans les terres argilo-calcaires de la commune et partout, permettrait d’entretenir un bétail plus important, est peu cultivée.

Les Haricots

Leur culture est ici très prospère. La variété la plus répandue est le coco à rames que l’on consomme surtout sec.

Dans l’assolement, les haricots succèdent au blé. Et voici encore une culture où le sol est préparé trop superficiellement par un quasi labour de 15 cm environ. La semence utilisée est produite sur place. Après maturation complète, on conserve les gousses les mieux garnies et les grains les plus gros. On sème par paquets de 4 ou 5 et sans ordre, au cours du mois de Mai et aussi en Juin.

Les soins prodigués sont : le sarclage, le tuteurage et de fréquents arrosages pendant l’été.

La récolte des gousses sèches a lieu depuis la fin Août jusqu’en Octobre. Elles sont égrenées à la main durant les veillées de l’hiver, ou battues dans un sac. Le rendement moyen est d’environ 18 hl à l’ha.

Améliorations : Il faudrait sélectionner plus méthodiquement la semence ; semer en ligne en observant un espacement de 0,50m entre les lignes et de 0,30m entre les plants. On pourrait également essayer les variétés naines qui éviteraient au cultivateur la rude corvée de couper, préparer et transporter les lourds tuteurs de noisetier (des palaïssouns).

Cultures Maraîchères de plein champ

Outre les haricots, on cultive aussi en plein champ choux, poireaux et navets. A vrai dire, le jardin potager n’étant jamais nettement limité et clôturé, on ne peut distinguer les cultures potagères des cultures de plein champ. Du reste, le cas du haricot mis à part, les espaces cultivés en légumes ne sont pas très étendus. Les différentes cultures maraîchères ne visent qu’à satisfaire la consommation familiale et le cultivateur vend très peu de légumes autres que les haricots.

Cultures Fourragères :

En tant que culture dans l’assolement, leur place serait importante, si la rotation était scrupuleusement suivie, et elles pourraient occuper une trentaine d’ha, alors qu’elles s’étendent seulement sur 8 ha

         Quant aux fourrages annuels, on peut les passer sous silence ; leur développement est insignifiant. Dans la pratique, ils s’obtiennent par des cultures dérobées entre 2 cultures principales. Pour cela, un climat doux est nécessaire afin de pouvoir espacer le plus possible les 2 cultures principales, chose impossible à réaliser ici.

         Si on observe la rotation classique des cultures, on fait des légumineuses fourragères après le blé. Le cultivateur local ne se conforme à cette règle que les années où le blé est envahi par les mauvaises herbes. Il s’en remet alors aux légumineuses qui sont des plantes améliorantes, pour nettoyer le sol. Il fait même d’une pierre deux coups, puisque les légumineuses enrichissent le sol en azote.

         La terre est préparée tout à fait artificiellement et reçoit peu de fumure. On sème au printemps (Février Mars), rarement en automne. Les semis sont trop clairs. Ce n’est pas 20 kg, mais 30 kg de semence qu’il faudrait répandre par ha. Les soins d’entretien consistent en arrosages dans les périodes sèches. La récolte se fait en 2 coupes (Juin et Septembre).

Le rendement est plutôt faible. Les fourrages obtenus par culture sont séchés comme ceux des prairies naturelles et engrangés de même.

Quelques paysans qui gardent une vache dans la vallée pendant l’été, en utilisent une partie comme fourrage vert.

Améliorations : Il serait intéressant pour les cultivateurs de développer leurs cultures fourragères. C’est un des rares moyens grâce auxquels on pourra entreprendre l’agrandissement du cheptel communal. Pour ce faire, il faut introduire la culture fourragère dans l’assolement, réaliser des semis plus épais, se servir des engrais chimiques.

Autres Cultures :

         Les cultures industrielles ont disparu totalement. Il y a une cinquantaine d’année, on cultivait beaucoup de chanvre. Celui-ci était ensuite travaillé et filé sur place. Comme celle du mûrier, cette culture est totalement absente aujourd’hui. Pendant l’occupation, on a cultivé quelques ares de tournesol, pratique bien vite abandonnée.

         La betterave sucrière réussirait fort bien avec une forte fumure et elle permettrait l’entretien d’un cheptel d’hiver plus nombreux. Mais outre que le cultivateur ignore peut-être les avantages à retirer de cette culture, les superficies cultivables sont trop réduites pour permettre une culture extensive de la betterave.

         La production des graines et des plants doit par contre être étendue. Les cultivateurs achètent à l’extérieur des semences et des plants (surtout de légumes) qu’ils pourraient produire eux-mêmes plus avantageusement, parce que mieux adaptés au climat et au sol.

La pratique de couches chaudes en culture potagère, et l’organisation de petites pépinières est à recommander avec insistance.

 

 

 



Aux portes du parc du Mercantour et de la vallée des Merveilles, la Vésubie est un joyau pour les amoureux de la nature avec sa flore et sa faune sauvage. Doté d'un riche patrimoine culturel, vous traverserez tous les âges.