Monographie de Belvedere - La Gordolasque - Vallée de la Vésubie, 06450 Alpes Maritimes - Côte d'Azur - France

   Belvédère est une commune d'une superficie de 7541 hectares, située à une altitude de 850 m à 59 km au nord de Nice, avec une population de 495 habitants. Les Bélvédérois, en patois "Lu Baverenc" portent aussi les sobriquets : Li Brut, Li Cougù. Origine du nom : la forme ancienne est Belveder (cartulaire de l’ancienne cathédrale de Nice XIIème siècle), Belveser (vers 1210), Bellovider (enquête de Charles Ier en 1252) du latin Bellumvidere (beau point de vue).

LES ARMES DE BELVEDERE

  " D'argent aux trois arbres au naturel, en fasce ; au chef d'azur chargé d'un renard au naturel. " Supports : Deux épis de nard. Timbre : une couronne de Comte. Ces armes qui figurent sur le papier à lettres du syndicat d'initiative de Belvédère font allusion à la famille Raynardi, dont le Sénateur Jean-François et son cousin Pierre-Ludovic furent investis, le 15 octobre 1785, du titre de Comte de Belvédère. Elles résultent d'une mauvaise lecture des armoiries familiales des Raynardi qui portaient : d'azur aux trois épis de nard d'or; au chef cousu du premier chargé d'un renard du second . Ce blason était gravé sur le banc de la famille Raynardi dans le maître-autel de l’église paroissiale. Le banc, trop vétuste et irrécupérable, a dû être détruit, mais M. Navello, menuisier, a pu conserver la fraction armoriée du dossier qui est actuellement accrochée à un mur de la sacristie. Ces armes sont parlantes à un double titre le renard en chef, mais aussi les trois nards qui, en italien, se disent "tre nardi".

BREVE HISTOIRE DE BELVEDERE

   L'histoire de la Moyenne Vésubie est peu connue. Belvédère, comme de nombreux villages voisins, apparaît pour la première fois au XIIème siècle, dans une charte du cartulaire de l'ancienne Cathédrale de Nice. Ce n'est qu'au début du siècle suivant que l'on parle de son castrum, nous représentant l'image d'un habitat fortifié au pied d'une maison forte. De récentes découvertes permettent de repousser l'occupation humaine du site jusqu'à l'Antiquité tardive. A l'époque médiévale, le site est le seul château comtal, sous la domination des souverains de Provence. Sa localisation, au centre du Val de Lantosque (on ne parle pas encore de Vésubie), explique sans doute son nouveau rôle politique. Belvédère fit dédition, en 1388, avec le reste du Val, au Comte de Savoie, sous lequel il fut placé jusqu'au XIXème siècle. Comme pour les proches villages, l'époque Moderne ne fut qu'une série d'occupations militaires et de passages de troupes, généralement françaises, et parfois impériales. Le village connut l'inféodation à la fin du XVIIème siècle, sans qu'il soit question d'une véritable soumission à un seigneur féodal, le titre restant essentiellement honorifique. Lors de l'invasion des troupes Révolutionnaires, quelques-uns de ses enfants participèrent à la guérilla de Barbets, avant que l'Empire ne s'impose. Ce n'est qu'en 1860 que le pays devint définitivement français, avec l'ensemble du Comté de Nice. Mais il fallut attendre 1947 pour que la Haute Gordolasque, territoire de Belvédère, lui fit retour, après avoir été un temps chasses royales du souverain italien.
Sur la butte dominant le village, existait, un château, objet de la convoitise de plusieurs barons. Ce village et ce château donnèrent le litre comtal à la famille Raynardi et les Boschetti de Chien habitant Modène, en étaient châtelains à titre perpétuel. Le général autrichien De Wins y installa son quartier général en 1791, lors de la Contre-offensive vers le Var qui échoua à Gilette. Les 2 et 3 mars 1793. les troupes françaises en représailles occupent Belvédère, pillent la commune et brûlent les registres d'état civil. Pendant la Révolution les Français y installent le commandement de la division qui occupait la haute Vésubie : ce village était un point stratégique de la plus grande importance, dominant le confluent de la Vésubie et de la Gordolasque. Le village a été victime de tremblements de terre, en 1566, le 20 juillet 1564 et le 15 janvier 1644. Le premier fit 80 morts à Belvédère, tandis que le deuxième détruisit la moitié des maisons. En 1629, la peste fit de nombreuses victimes à Belvédère, un incendie faillit anéantir le village en1751. En février 1764, une épidémie de choléra sévit à Belvédère et Roquebillière. Les populations portèrent en procession les reliques de Saint Gaudens et la statue de la Vierge, elles se rendirent successivement aux chapelles rurales de Notre-Dame de Gordolon, de Saint-Julien, de Notre-Dame de Berthemont et, en passant par le col de Férisson, au sanctuaire de Notre-Dame des Fenestres. En 1818 une épidémie désola la région. Belvédère s’engagea par vœu de faire un pèlerinage à Notre-Dame des Fenestres le 11 juillet.

HISTORIQUE A L'AGE DE BRONZE

   Les Belvédérois encore anonymes faisaient partie de la Ligurie (entre le Rhône et l'Italie), on a retrouvé des vestiges de leurs enceintes fortifiées (au quartier du Fort, derrière l'église). Elle peut être considérée comme le berceau préhistorique du village actuel. Les gravures du Mont Bégo leur sont attribuées.

PERIODE GAULOISE

   500 ans avant Jésus-Christ, les Gaulois envahissent nos montagnes et se mêlent aux Ligures. Pendant cette période, les habitants de Massalia (Marseille) fondent des colonies sur la côte : Antibes, Monaco, Nice, dont les agriculteurs répandent dans l'arrière-pays la vigne et l'olivier, sans réduire cependant l'indépendance des montagnards.

PERIODE ROMAINE

   Les Romains traversent les Alpes-Maritimes pour aller combattre en Espagne et annexent au passage Nice et Marseille. En 125 avant Jésus-Christ, ils s'emparent aussi de l'arrière-pays et fondent la province romaine de Provence, puis toute la région alpine jusqu'au Tyrol. Belvédère est soumise et les nobles romains de Cimiez (Nice) passent l'été à Belvédère et créent les Thermes de Berthemont.

L'INVASION BARBARE

   Les Germains submergent l’empire et se disputent la Provence. Wisigoths et Ostrogoths s'installent dans le pays, suivis par les Lombards, puis par les Francs qui organisent administrativement la région et repousseront les pillards sarrasins aux VIIème et VIIIème siècles. Mais ceux-ci reviendront vers 850 après Jésus-Christ et pousseront leur attaque jusque dans la Vésubie (voir la légende des Banès).

SOUS LE COMTE DE PROVENCE

   En 926, le Roi de Bourgogne nomme le Comte d’Arles Comte de Provence. Ces comtes domineront la Provence de 926 jusqu'à 1388, c'est-à-dire pendant tout le Moyen Âge. C'est le régime féodal avec un seigneur par village. Mais la plupart des localités conserveront leur autonomie et Lucéram comme Utelle, St-Martin Vésubie et Belvédère, s'administrent elles-mêmes librement. Profitant des disputes internes des successeurs de la Reine Jeanne, le Comte de Savoie Amédée VII s'empare du pays niçois qui est, dès cette date, séparé de la Provence et forme le Comté de Nice, division administrative de la Principauté de Savoie.

SOUS LES PRINCES DE SAVOIE

   Le Prince de Savoie était français de race et de langue ; Belvédère reste donc ville française. Mais au cours de la période qui va de 1388 jusqu'en 1713, les successeurs d'Amédée VII vont s'allier successivement avec les ennemis de la France, si bien que le pays niçois sera traversé par les armées adverses et subira d'incessantes dévastations, en particulier lors de luttes entre Charles Quint et François 1er. Finalement au traité d'Utrecht en 1713, le Duc de Savoie ayant lutté contre Louis XIV, reçoit en récompense la Sardaigne et le Piémont, si bien que Belvédère fait désormais partie du Royaume de Sardaigne ; elle y restera jusqu'en 1860.

SOUS LE REGIME SARDE

   Cette période contraint Belvédère à pavoiser sous le drapeau de l'étranger. Belvédère et le pays niçois vont cependant bénéficier de la paix et du progrès général. La beauté du pays et la douceur de son climat favorisent l'agriculture et attirés sur toute la côte, de nombreux résidants riches vont améliorer la condition de beaucoup de villages. La vie culturelle se développe. Mais les villages comme Belvédère restent isolés et la vie y est rude. Sans routes carrossables et sans commerces, Belvédère, comme ses voisines, vit repliée sur elle-même, formant comme une république indépendante. La révolution française de 1789 va apporter une agitation dont le peuple va supporter les inconvénients sans en tirer aucun avantage.

PENDANT LA REVOLUTION DE 1789

   Située juste à la frontière de la France, dont elle n'est séparée que par le Var et l'Estéron, la région niçoise devient le refuge et le lieu de conspiration des émigrés français : nobles, officiers royaux, religieux qui espèrent rétablir la royauté en France. Une armée française passe le Var en 1792 et entreprend de libérer le Comté de Nice. Beaucoup de ses habitants qui demeurent francophiles et partisans de la République, souhaitent redevenir français. Ce sera l'ouverture d'une sanglante confrontation avec les armées austro-sardes, qui amènera pillage et ruine dans bien des villages comme Belvédère.

RETOUR A LA FRANCE

   C'est à la hauteur des vallées de la Gordolasque et de la Vésubie que se déroulent les plus importantes batailles, interrompues seulement par l'hiver et les difficultés de communication. Belvédère est occupé, réquisitionné, bombardé, pris et repris alternativement par les Français et les Austro sardes. La chute de Robespierre arrête les combats en Mai 1794. Mais le Comté de Nice reste en entier aux mains des Français. Coupés des Autrichiens à Mondovie, les Sardes capitulent. Le Traité de Turin du 15 Mai 1796 fait retour à la France de la Savoie et du Comté de Nice. Belvédère est de nouveau française.

SOUS LE PREMIER EMPIRE

   L'Empire est accepté par un plébiscite qui donne l'arrondissement de Nice avec 3388 'oui' contre 2 'non' et pour celui de Puget-Théniers 2818 'oui' contre 3 'non', mais le département s'est enrichi de l'arrondissement de San Remo (Saorge, La Brigue, Taggia, Vintimille, Bordighera). A Belvédère, le bourgeois Raynardi devient noble. La paix qui y règne favorise le progrès et la prospérité, mais beaucoup de paysans belvédérois vont mourir sur les champs de bataille de l'Europe.

RETOUR DES SARDES

   Napoléon vaincu en 1815, les Sardes reprennent tout le Comté. Victor Emmanuel 1er rétablit l'ancien régime. Cependant l'expérience républicaine a porté ses fruits. Partout se lèvent des forces nouvelles qui réclament plus de libertés et le rattachement à la France.Victor Emmanuel II rêve de réaliser l'unité italienne. Il fera appel à Napoléon III. Trop faible pour se mesurer à l'Autriche, le Roi du Piémont s'associe à la France pour lui déclarer la guerre en 1859. Vainqueurs à Magenta, l'Autriche étant définitivement vaincue, les Français vont pouvoir obtenir ce que tant de Belvédérois et d'autres habitants du Comté de Nice souhaitent depuis longtemps. Par le Traité de Turin du 24 Mars 1860, le Roi du Piémont cède à Napoléon III la Savoie et le Comté de Nice sous condition d'un plébiscite favorable. Le 15 Avril, le scrutin est un triomphe pour la France : sur 89 communes, 79 répondent 'oui' à l'unanimité, dans 10 seulement il y aura quelques 'non'. Le drapeau sarde est remplacé par le drapeau français et la nationalité française perdue en 1713, retrouvée en 1794, reperdue en 1815 est acquise définitivement en 1860.

INSUPPORTABLE SERVITUDE

   Seule ombre au tableau que n'effacera que la seconde guerre mondiale et la victoire de 1945, quelques communes frontalières de la Haute Vésubie conserveront une entrave italienne pendant 87 ans jusqu'en 1947, sous la forme de cette réserve de chasse de sa majesté le Roi d'Italie qui disparaîtra avec son règne. Nulle guerre qui ne laisse de douloureux souvenirs. Pour les communes Rimplas, Valdeblore, St-Martin Vésubie et Belvédère, une partie du versant Sud de la ligne des crêtes marquant la frontière de 1860, ainsi que les villages de Tende et la Brigue, ne recouvreront pas leur autonomie complète. Pour Belvédère, elle dut accepter de laisser aliéner son territoire de toute la partie nord de la Vallée de la Gordolasque jusqu'à la cascade du Ray, entre la cime de la Valette et celle du Capelet Sud. Bien que les pâturages en soient ouverts aux troupeaux de Belvédère, ce territoire réservé en principe aux chasses royales fut soumis jusqu'en 1947 à l'autorité administrative italienne et rattaché à ce titre à la commune d'Entracque.

LA DERNIERE OCCUPATION

   Avec la montée du fascisme en Italie, une nouvelle menace plane sur la frontière que les Italiens franchiront par endroits pendant la 2ème guerre mondiale, encouragés par Hitler. Leur occupation se terminera avec la défaite de l'armée allemande. Belvédère, un moment évacuée, récupèrera les siens.

RETOUR DEFINITIF A LA FRANCE

   Le 19 février 1947, les quatre grands victorieux signent le Traité de paix avec l’Italie enfin débarrassée du régime fasciste. Tende et La Brigue redeviennent françaises. Belvédère est définitivement et complètement retournée dans le sein de sa patrie.

NOTA : La plus grande partie de ce bref exposé a été tirée des deux précieuses brochures intitulées : De la Baie des Anges à la Cime du Diable et dont l’auteur Monsieur LAURENTI était un historien originaire de Belvédère où réside toujours sa famille.

 

La commune dans son environnement

   Belvédère appartient à l'arrondissement de la préfecture du département : Nice. L'arrondissement regroupe 506 694 habitants, soit une densité de 165 habitants au km². La population de la commune en représente donc moins de 1%. Celle de l'arrondissement est en légère hausse par rapport au recensement précédent. En neuf ans, depuis 1990, l'arrondissement a gagné 5 353 habitants. Dans l'ensemble du département, la population est passée de 971 829 habitants en 1990 à 1 011 326 habitants en 1999 ; soit un gain de 39 497 habitants.

GEOLOGIE : Les MINES de BELVEDERE

 

GITE DE CAMDOULENT

   A partir des Adrès, en contrebas des lacets d'accès au hameau, on peut gagner l’indice de malachite de Camdoulent que l'on aperçoit de loin, en rive gauche du vallon des Graus, au contact des pélites rouges du Permien et des grès blancs du Trias basal.

Pour y accéder, quitter la piste carrossable et, par un sentier descendre au fond du vallon des Graus que l'on traverse pour remonter en direction du Mont Pela. A la côte 935, abandonner le sentier et suivre le petit chemin à droite qui descend jusqu'à l'indice. Son extension est très réduite (10m environ) et son intérêt limité.

GITE DE LA LAUSE ou encore de LA CABANE DE NAUTES

   Est relativement plus importante. Elle est située sur le revers nord de la crête des Très Crous, au nord du village de Belvédère. Elle domine les thermes de Berthemont, dont les sources chaudes sulfureuses guérirent, en l'an 260, l’impératrice romaine Cornélia Solanine, épouse de Gallien.
On y accède à partir de Belvédère par les chalets des Blancons et la route du barrage E.D.F.. La route traverse 1 km après les Blancons, le chemin de Guigon.  Poursuivre sur 500 m jusqu'au virage de la Côte de Guigon d'où l'on aperçoit les déblais dans le versant boisé, à 500 m de distance environ, 150 m au dessus de la route, sur la rive droite d'un petit thalweg. A la sortie du virage un petit sentier s’élève en lacets jusqu’aux granges et permet de gagner le sentier du Col de Férisson. Les travaux miniers sont alors atteints facilement 20 m en contrebas du sentier.

La minéralisation est portée par un niveau de quartz noduleux et de pélites gris sombre de 0,2 m d'épaisseur intercalé dans les pélites gris vert et gris violacé du Permien inférieur. D'autres  niveaux ont peut-être été reconnus par les travaux miniers (une cinquantaine de mètres sont visitables et notamment une amorce de dépilage de 25 m de longueur) qui sont en partie éboulés. Ces vestiges d'exploitation pourraient dater de 1860. On notera la présence de malachite, azurite et chalcopyrite. L'étude au microscope révèle, en. outre, des traces de pyrite, de blende et d'hématite.

GITE DE VIGNOLS

   Signalées dans un rapport d'archives de 1860, les recherches sur le gîte de Vignols situé à Belvédère "dans les schistes rouges et grès du ravin de Jacques" ne semblent pas avoir été très développées.

Des traces de fouilles visibles en sous-bois, au lieu-dit La Font, pourraient leur correspondre. On y accède à partir de la route du cimetière de Belvédère par un sentier horizontal. L'indice situé au dessus du chemin est en partie masqué par les branchages et les feuilles mortes. On y distingue une tranchée effondrée. La minéralisation présente de la bornite  et de la malachite avec un peu de chalcopyrite, cuivre gris, pyrite, chrysocol1e dans les grès blanc-rosé du Trias basal. En contrebas, au talus de la Nationale 565, des travaux  d’élargissement exécutés en 1968, ont mis en évidence des filons de fer de 1 à 2 cm d' épaisseur à gangue de quartz dans les grès rouges du permien.

 

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Crédits à: Monsieur Marc ZWILLER

 

Le PORTAIL VESUBIEN, la Vésubie et ses villages dans les Alpes Maritimes.
 
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